Le graphène, l'une des deux formes allotropes du carbone avec le diamant, pourrait être l'additif miracle des prochaines décennies.
Julien Petrizzelli touche au but. Sa jeune société GRPR (Graphene Production) a réussi à mobiliser des investisseurs convaincus par le potentiel industriel du graphène, l’une des formes du carbone. L’entreprise est aujourd’hui la seule au monde capable de produire de manière industrielle cet additif qualifié de « matériau miracle ».
Très discret jusqu’à aujourd’hui, Julien Petrizzelli est en passe de réunir près d’1 million d’euros auprès de business angels afin de lancer la phase commerciale de son entreprise installée à Susville dans la Matheysine. Pour cet ancien cadre dans la vente de stores et de fenêtres, féru de technologie, le potentiel des applications du graphène est tel que toutes les industries sont concernées.
Considéré comme un matériau miracle, le graphène est produit par extraction mécanique du graphite et dispose de propriétés capables « d’améliorer très sensiblement les caractéristiques mécaniques, thermiques, électriques ou optiques » des environnements et matériaux auxquels il est associé.
30 tonnes de production pour démarrer
Composé à 100 % de carbone, cet additif est non-polluant. Il est 200 fois plus solide que l’acier, dix fois plus conducteur que le cuivre, imperméable aux gaz et aux liquides. Il est également anti-UV, anti-bactérien, inerte et crée une barrière électromagnétique. Toutes ces propriétés sont transmises avec des charges minimes comprises entre 0,01 et 3 % du volume final de matériau, comme les métaux, les polyamides ou les lubrifiants. Un super héros des additifs que la start-up est seule capable de produire de manière industrielle. Son équipement peut sortir 30 tonnes à l’année face aux quelques kilos d’autres opérateurs et avec un prix de vente au gramme sans commune mesure.
Priorité aux revêtements, aux lubrifiants et aux plastiques
Le champ d’utilisation est aussi varié qu’immense et Julien Petrizzelli a dû faire un premier tri des marchés entre les cellules solaires, les semi-conducteurs, les voitures électriques, l’aérospatial, le BTP, les textiles, la plasturgie ou encore le biomédical. « Nous visons en priorité l’industrie des revêtements comme les peintures ou les traitements anticorrosion, les lubrifiants et les plastiques. »
Graphene Production vise une production annuelle de 600 tonnes d’ici cinq à sept ans pour un chiffre d’affaires prévisionnel de 20 millions d’euros et 150 salariés.
Structuration en cours pour attaquer le marché mondial
Sa levée de fonds lui permettra de passer à 120 tonnes de capacité. Mais afin de pénétrer le plus vite possible un marché mondial des additifs estimé à 100 millions de tonnes annuelles pour un chiffre d’affaires qui se monte à des dizaines de milliards d’euros, l’entreprise doit se structurer. Elle va ainsi créer deux filiales avec deux technico commerciaux. L’une à Hong-Kong pour le marché chinois et l’autre aux Etats-Unis. Un responsable commercial Europe est aussi programmé. Le parc machine va être multiplié par quatre et Graphene Production va se doter d’un service QHSE et d’un service R & D pour développer des applications comme dans les énergies renouvelables.