La CCIAG espère, dès 2026, faire fonctionner la centrale de la Poterne avec 100 % de bois issu de mobilier usagé.
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La Compagnie de Chauffage de Grenoble (CCIAG) s’attaque au chantier de la valorisation énergétique du mobilier usagé. Avec le soutien du CEA-Liten, elle veut transformer ce bois en un combustible afin de remplacer le charbon encore utilisé dans la centrale de chauffage de la Poterne.
La centrale de chauffage de la Poterne alimente les bâtiments collectifs d’une grande partie de la métropole grenobloise, avec un mix énergétique composé à 65 % de bois, 25 % de charbon et 10 % de farines animales. L'idée de la CCIAG (qui gère trois autres centrales et un réseau de 177 Km) est de rétrofiter les équipements pour que la centrale de la Poterne puisse, dès 2026, fonctionner à 100 % avec le bois issu de l’industrie de l’ameublement.
La Compagnie de chauffage a franchi une première étape dans ce sens grâce à un traitement mécanique qui permet d’éliminer des éléments comme les peintures et les vernis. « Même si ce bois n’est pas encore bien nettoyé, précise Nicolas Giraud, directeur de production à la CCIAG, les tests faits sur les fumées suite à leur incinération montrent que l’effet polluant est nul. »
Mais la CCIAG doit aller plus loin car si le procédé élimine les composés volatils toxiques de la biomasse, les déchets contiennent parfois des métaux lourds. C’est là qu’intervient le CEA-Liten. L’équipe pilotée par Armelle Pin travaille afin de transformer le déchet de bois en un biochar (charbon végétal) avec une concentration énergétique suffisante pour le substituer au charbon minéral. « Ce bois est torréfié sous atmosphère inerte à une température comprise entre 200 et 300 °C. »
La question de la faisabilité économique
Le CEA rendra sa copie d’ici la fin 2023. Il doit par ailleurs valider la faisabilité économique d’un dossier initié en 2021 à la suite de la consultation lancée par Eco Mobilier (devenu Ecomaison), pour identifier de nouveaux exutoires de traitement des DEA (Déchets d’Éléments d’Ameublement) et de nouveaux modes de valorisation. « Cette ressource est moins chère que la biomasse utilisée habituellement. Elle a le vent en poupe, rappelle Nicolas Giraud. Nous devons être les premiers à bloquer les tonnages nécessaires. » En 2019, Eco Mobilier avait évalué à plus de 800 tonnes le gisement de DEA en France.
Cet article a été publié dans le numéro 2533 de Bref Eco.