A Saint-Paul-en-Jarez (Loire), l’ancien site de France Crème sera totalement réaménagé pour accueillir l’usine de Lactips.
Architecte Pradier
Deux actualités viennent conforter l’idée que l’avenir de l’industrie française n’est pas bouché, comme beaucoup l’ont pensé ces dernières décennies. Près de Grenoble et dans la vallée du Gier (Loire), deux projets font simultanément parler d’eux et, en ces moments de doute, confortent quelques convictions.
En février 2018, nous évoquions les « ambitions industrielles XL » de la start-up grenobloise Aledia qui venait de lever 30 millions d’euros… sachant que ses actionnaires historiques lui avaient déjà apporté pas moins de 37 millions depuis sa création en 2012. Confirmation : Aledia, qui développe une technologie Led issue du CEA-Leti, annonçait la semaine dernière une nouvelle augmentation de capital, cette fois à hauteur de… 120 millions d’euros ! Probablement un record dans la région.
Des microleds 3D à Champagnier dès 2022
Outre le développement de la R & D menée par 80 chercheurs, ces fonds permettront de construire une super-usine à Champagnier (Isère). Celle-ci produira en grande série des microleds 3D, une technologie issue du CEA-Leti dont le potentiel est colossal. En effet, les leds 3D d’Aledia pourraient équiper tous les écrans de notre quotidien : ordinateurs portables, tablettes, smartphones, montres intelligentes, lunettes à réalité augmentée et téléviseurs. Un marché mondial évalué à 120 milliards d’euros par an.
Ces produits de nouvelle génération, qui sortiront de la future usine à partir de 2022, constituent un saut technologique protégé par 197 familles de brevets. Parmi les avantages qu’ils procurent : des écrans entre trois et cinq fois plus brillants et lisibles que les écrans actuels, beaucoup moins consommateurs d’énergie, une qualité de couleurs incomparable, et un prix de production jusqu’à cinq fois inférieur. Le pari grenoblois est énorme, à la hauteur de l’audace de Giorgio Anania, l’infatigable sexagénaire cofondateur de la start-up.
Du bioplastique à Saint-Paul-en-Jarez dès 2021
Autre technologie révolutionnaire dont nous avons souvent parlé dans Bref Eco : le bioplastique développé à partir de caséine de lait par la société stéphanoise Lactips, créée en 2014 par Marie-Hélène Gramatikoff et Frédéric Prochazka. Issue d’un brevet du laboratoire IMP (Université de Saint-Etienne), cette matière biosourcée et biodégradable apporte une réponse très attendue dans le monde des emballages plastiques.
On savait Lactips à la recherche de locaux pour passer au stade industriel. On apprend que la future unité de fabrication se situera à Saint-Paul-en-Jarez (Loire), dans l’ancienne usine de France Crème, que son propriétaire hollandais avait fermé en 2018. D’ores et déjà, Lactips (45 personnes) va recruter une dizaine de personnes, et une trentaine d’emplois seront créés dans un second temps. 36 millions d’euros seront investis à terme, pour six lignes qui produiront 10.000 tonnes de granulés par an. Le lancement de l’usine est prévu en 2021. Leds et bioplastiques : diverse, l’industrie du futur est déjà là !
Cet article a été publié dans le numéro 2429 de Bref Eco.