Remplir les poches de chimiothérapie plus facilement et plus vite, telle est la possibilité offerte par un appareil testé au centre Léon Bérard et qui pourrait prochainement intégrer de nombreuses pharmacies hospitalières françaises et européennes.
Après avoir fait médecine puis EMlyon, Pascal Freydier a intégré l’industrie pharmaceutique. « Je n’ai jamais eu l’intention de pratiquer la médecine », explique celui qui a préféré parcourir le monde : Allemagne, Italie, Grèce, Turquie, Japon... Alors qu’il dirigeait dernièrement un laboratoire fabriquant des médicaments de cancérologie, il a découvert les troubles musculo-squelettiques (TMS) des préparateurs en pharmacies hospitalières. « Certains préparateurs peuvent réaliser 8.000 fois par an le geste de tirer et pousser une seringue sur une poche. Et à partir de 30 ml, soit une préparation sur deux, les TMS apparaissent. »
Un potentiel de 470 pharmacies hospitalières en cancérologie
En 2015, c’est décidé, Pascal Freydier se lance dans l’entrepreneuriat. Il crée O3P à Limonest et confie à la société de Civrieux-d’Azergues, MGA Technologies, la conception d’un appareil qui aide à la préparation de poches. En posant la seringue sur l’appareil, l’aspiration du produit dans sa fiole se fait automatiquement, tout comme l’injection dans la poche, selon le volume demandé. Après un an et demi de prototypage et 500.000 euros investis, une première série de Roméo est sortie et commercialisée. Le potentiel actuel ? Les 470 pharmacies hospitalières de France qui travaillent dans la chimiothérapie.
Un gain de temps inattendu
« Après les premiers essais in situ, au Centre Léon Bérard, les employés ont demandé une deuxième machine! Et nous nous sommes aperçus que les préparateurs étaient en outre moins fatigués et qu’ils travaillent plus vite de 20 % ! », se félicite Pascal Freydier qui prépare déjà de nouvelles versions de son appareil, notamment pour faciliter la traçabilité des opérations.
D’une valeur d’environ 30.000 euros, Roméo pourrait s’intégrer à d’autres spécialités traitant de gros volumes. Pascal Freydier ne vend pas directement aux pharmacies mais passe par des distributeurs. La conquête des pharmacies pourrait ainsi être très rapide, y compris à l’international. O3P vise les 600.000 euros de ventes en 2018 et un doublement chaque année.
Parallèlement, son dirigeant espère commercialiser des seringues de 150 ml (au lieu de 60 en standard), utilisables uniquement avec Roméo, pour proposer un gain de temps encore supérieur.
Cet article a été publié dans le numéro 2326 de Bref Eco.