Jean-Michel Karam vient de lever 17 millions d’euros.
Après des succès fous et une longue traversée du désert, Jean-Michel Karam a ouvert un nouveau chapitre entrepreneurial dans un domaine qui peut laisser sceptique : la « beauté connectée ». Une nouvelle aventure commence pour ce Franco-libanais de 50 ans, docteur en électronique passé par le CNRS.
Chapitre 1 : Memscap. Jean-Michel Karam s’est fait un nom avec les débuts spectaculaires de Memscap. En 1998, la start-up grenobloise qu’il vient de créer lève 13 millions d’euros, avant de faire une entrée remarquée en bourse. En à peine deux ans, la société, passée de 3 à 18 millions d’euros de chiffre d’affaires, va affoler les compteurs… avant la crise d’internet. Memscap est au tapis. La traversée du désert va durer jusqu’en 2007, avant une nouvelle crise. « Ce sont les pires années de ma vie, mais c’est à ce moment-là que j’ai tout appris », confie aujourd’hui celui qui a, depuis, redressé la situation et permis à Memscap, qu’il préside toujours, de recouvrer la rentabilité.
Chapitre 2 : Ioma. Après un rendez-vous chez un dermatologue, Jean-Michel Karam commence à s’intéresser à la peau. Le prototype d’un appareil d’analyse de l’épiderme voit le jour, tandis que l’idée de produits cosmétiques personnalisés mûrit. Elle va déboucher sur le rachat en 2009 de la marque de produits de beauté Ioma (société Intuiskin) qui va en appliquer le principe : on analyse la peau d’une cliente avant de lui proposer une gamme de crèmes adaptée. Le concept séduit. Et c’est Unilever qui finit par racheter Ioma en 2012 pour près de 30 millions d’euros en demandant à Jean-Michel Karam d’en rester le dirigeant.
Chapitre 3 : IEVA. Lancée en 2016, IEVA (Saint-Priest et Paris) vient de lever 17 millions d’euros auprès de Crédit Mutuel Innovation et de Seb Alliance. Inspirée de Ioma, la société pousse plus loin la personnalisation des produits. « La génétique n’explique qu’une partie de l’histoire de notre peau. Le style de vie et le stress environnemental entrent pour plus de la moitié dans son vieillissement. » D’où l’importance de mesurer l’hygiène de vie, le sommeil, l’exposition au soleil, l’alimentation, la pollution ambiante, etc. pour mieux adapter les soins. C’est la fonction des objets conçus par IEVA, des montres et des bijoux connectés qui enregistrent les données de votre environnement et de votre activité physique. Ces data sont gérées via une application qui en fait un diagnostic et vous propose un kit personnalisé de produits capillaires et autres soins du visage. Lancée en 2019, IEVA devrait atteindre 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année.
Le rachat, fin juillet, de l’enseigne Atelier du Sourcil est arrivé comme une opportunité. « Ses 109 boutiques seront des points d’expérience clients, d’observation du marché », explique Jean-Michel Karam qui envisage d’autres acquisitions avant, pourquoi pas, une cotation boursière à New York.
Cet article a été publié dans le numéro 2424 de Bref Eco.