Ce fleuron de la chaudronnerie provençale a échappé à la faillite en 2004 avec l’aide de l’Urscop. Elle assure aujourd’hui son développement avec le rachat d’autres structures coopératives du secteur, trop petites pour survivre dans un milieu très concurrentiel, mais très implantées dans une industrie spécifique.
La Société études chaudronnerie mécanique et maintenance industrielle (SECMMI) vient de racheter une TPE très technique, la SCCMB (Berre), en grand danger de dépôt de bilan. "Ils ont du métier en matière de cintrage de profilés, très adapté à la pétrochimie, qui nous sera bien utile. Ç’aurait été dommage de laisser s’évanouir ce savoir-faire. Et puis, comme nous, c’est une Scop." Claude Merle, le directeur, sait ce qu’il doit à la coopération. En 2004, ce joli fleuron de la chaudronnerie régionale aurait dû disparaître, avec le groupe de télécommunications GRME, dont SECMMI était filiale. L’Union régionale des Scop Paca en aidant à monter un dossier d’urgence, a contribué à sauver les 64 emplois, qui sont toujours là, dans la zone avignonnaise de La Courtine. "Disons aussi qu’EDF et Lafarge, nos clients d’alors, nous ont donné du travail malgré le risque de disparition. Ils sont toujours nos clients, et leurs contrats pluriannuels font une bonne partie de notre activité." Depuis, la Société du Canal de Provence est venue rejoindre ce duo.
Et l’avenir ne semble pas trop noirci par la crise. "Des chantiers différés vont sortir en 2013, il s’agit pour nous de saisir ces opportunités", prévoit Claude Merle, qui s’y est préparé. "Après tout, nous pensions avoir des problèmes en 2012, et finalement nous avons maintenu notre chiffre d'affaires juste en dessous de 8 millions d'euros."
Si la désinstallation-réinstallation de l’outillage Lafarge d’une carrière proche de Toulouse à Mallemort (13) constitue le défi et LE marché de 2013, l’entrée dans la construction navale via l’acquisition de TGM a permis à SECMMI de s’ouvrir de jolis chantiers pour deux sociétés ciotadennes : Composites Works et H2X. Un autre chantier d’importance sera le remplacement d’un four verrier pour Owens Corning, à L’Ardoise (30).
La politique d’acquisition de PME très techniques, en général des Scop en danger, a permis à SECMMI de transformer en avantages les difficultés des plus petits à traverser la crise. Elle met aussi en lumière une difficulté de la profession. On y manque de bras et de cerveaux, ne pas laisser perdre le savoir-faire est donc crucial. "Quels jeunes veulent aujourd’hui devenir chaudronniers ? On nous imagine encore en train de marteler des casseroles ! "
Et la société entre dans la recherche. SECMMI est la pièce industrielle maîtresse d’un projet mené par Véolia avec le laboratoire universitaire aixois LM2P2. Il s’agit, avec un astucieux système de fours à étages, de produire des gaz assez homogènes pour assurer une production électrique à partir de déchets. "Le Prides Eco Entreprises nous a tous mis en relation sur ce projet", rappelle M. Merle. Depuis huit mois, SECMMI travaille à dimensionner les divers prototypes, qui devraient montrer la faisabilité du procédé.
"Si c’est concluant, notre accord prévoit que le bureau d’études de SECMMI étudiera tous les systèmes en exploitation à venir. Ça représenterait des années de contrats."
Michel Neumuller
Sud Infos n° 821 du 08/04/2013