Après quinze ans en Californie, Carole Granade a choisi de poser ses valises à Lyon. C’est au sein de l’accélérateur de start-up BoostinLyon qu’elle assouvit sa passion pour l’entreprise.
Carole Granade le dit elle-même : “J’ai toujours été très réseaux !” Que ce soit dans les associations étudiantes, quand elle était en école d’ingénieurs à Paris (EPF) ou à HEC Paris, ou aujourd’hui au sein du REF (Réseau économique féminin) à Lyon où elle officie en tant que trésorière, la dynamique quadra a toujours eu cette envie de s’impliquer. Sa vie d’expatriée explique peut-être ce besoin d’être entourée… et d’entourer.
En 1995, alors qu’elle rêve de “créer sa société d’organisation de mariages” (!), cette “matheuse” part rejoindre son mari en Californie où il vient de trouver un emploi. Alors sans permis de travail, elle réalise des études de marché pour le compte de sociétés françaises, avant d’être embauchée par Winnov, une entreprise de la Silicon Valley dirigée par des Français. S’ensuit la naissance de ses deux enfants, une fille et un garçon, en 2000 et 2002.
Un nouveau défi s’offre alors à la jeune maman : redresser la Chambre de commerce franco-américaine de San Francisco (FACCSF). “Je pensais y passer quelques mois… j’y suis restée neuf ans !” Directrice générale de cette association privée qui anime la communauté d’affaires franco-américaine de la région de San Francisco et accompagne les entreprises françaises souhaitant s’installer dans la région, elle dynamise la structure qui voit son nombre d’adhérents presque tripler et passe “de dix à cinquante événements par an”. “On compte entre 40 000 et 100 000 Français dans la région de San Francisco. C’est une communauté assez soudée, plus qu’à New York par exemple, peut-être parce que les différences culturelles y sont encore plus marquées”, explique celle qui, avec d’anciens d’HEC Entrepreneurs (toujours le réseau !), met alors en place le “Business Booster”, un coaching intensif de deux mois à destination des start-up. Les prémices de BoostinLyon…
Après quinze ans à San Francisco, cette Parisienne férue de voile et amatrice de Condrieu veut revenir en France : “Ma fille entrait en 6ème et j’avais envie que mes enfants découvrent mieux leur culture d’origine”. Son mari étant lyonnais, la famille s’installe dans la Capitale des Gaules en septembre 2011. Jamais avare de nouveaux défis, Carole Granade s’essaie à la politique : “C’était à l’occasion des législatives de 2012. Pour la première fois, les Français de l’étranger allaient élire leur député”. Forte de ses quinze années de travail auprès de la communauté française de San Francisco, elle se présente comme candidate (MoDem) pour la 1ère circonscription (Canada et Etats-Unis). Battue, elle avoue aujourd’hui, avec le recul, ne “pas avoir aimé l’expérience” du jeu politique. Ce milieu ne convient pas à cette femme qui n’a pas sa langue dans sa poche et sait faire entendre sa voix.
Ce revers ne l’empêchera pas d’avancer. En avril 2013, elle prend la présidence de l’accélérateur BoostinLyon. L’objectif de cette association “où personne n’est rémunéré” ? “Faire grandir des start-up à Lyon. L’objectif est de les aider à savoir qui est leur client”. Pour cela, l’accélérateur mise sur deux promotions de sept entreprises par an qu’il accompagne intensivement pendant cinq mois, leur fournissant hébergement et coaching. “Nous venons d’accueillir notre sixième promotion*”, se réjouit la présidente qui se rappelle des premières réunions de l’accélérateur dans son salon.
Aujourd’hui, l’association cherche à se doter d’un lieu où cohabiteraient les jeunes entrepreneurs : “Nous nous apercevons que cinq mois d’accompagnement, ce n’est pas assez”. Elle souhaite aussi “pérenniser et professionnaliser (son) offre” : “Si nous ne prenons pas de part dans les entreprises que nous accompagnons, nous sommes en train de réfléchir à un modèle de reconnaissance de dette”, avance Carole Granade. Et face à la pléthore d’acteurs lyonnais autour de l’entrepreneuriat, celle qui travaille également en tant que consultante pour les entreprises françaises souhaitant se développer aux Etats-Unis, prône le “collaboratif” tout en s’inscrivant dans la mouvance FrenchTech.
Corinne Delisle
@corinnedelisle
* Kids-OK, Degust&co, Anona, Kidygo, Putnami, The Place to Bike et De rigueur.
Bref Rhône-Alpes n° 2192 du 18/02/2015
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