Discret, ce Lyonnais a réussi, en quelques années à peine, à créer un événement qui attire plus de 10 000 professionnels de la communication visuelle et des industries graphiques.
A quelques jours de l’ouverture du salon C!Print* à Lyon Eurexpo, c’est l’effervescence dans les locaux de 656 éditions, son organisateur. Une fois retrouvé le canapé rouge au milieu de toutes les piles de cartons, Guillaume Abou nous accueille, le regard vif et la poignée de main franche.
Et ne comprend pas trop pourquoi on s’intéresse à lui. ll revient (rapidement) sur sa jeunesse où “après des études de droit (à Lyon) et une année à Montréal”, il monte (toujours à Lyon) un atelier de sérigraphie. Nous sommes en 1994. “C’était surtout une histoire d’opportunité”, se souvient-t-il. Alors jeune dirigeant - il a à peine 26 ans lorsqu’il crée Totem - il développe son affaire dans la personnalisation textile, spécialisée dans les effets spéciaux pour les domaines de la mode et de la publicité. Totem travaille notamment pour les marques de skateboard et de snowboard. En 1999, il revend l’entreprise et se réoriente dans le web : “J’aimais bien cet univers”, donne-t-il comme seule explication.
Pendant deux ans, il accompagnera des entreprises dans le développement de leur site Internet. Entre-temps, il crée un portail web spécialisé dans le domaine de l’impression textile. La bulle Internet passant par là, il réoriente son activité vers l’édition de magazines professionnels. Marquage textile trouve son public, au-delà même de nos frontières, avec des versions espagnole et italienne. 656 éditions - du nom de l’ancienne adresse du siège de Rillieux - creuse son sillon dans cet univers créatif que Guillaume Abou affectionne : mélomane, celui-ci sait naturellement jouer de différents instruments, sans jamais avoir suivi aucun cours de solfège.
Après l’édition, c’est dans l’organisation d’événements professionnels qu’il choisit de se lancer. Son premier salon - Communiquez textile ! - attirera cinquante exposants qui se plieront au jeu du stand en carton… une première ! Quelques années plus tard, l’événement s’ouvrira aux objets publicitaires en devenant CTCO. Depuis 2013, le dernier-né porte le nom de C!Print. Un salon qui devrait attirer près de 13 000 visiteurs cette année à Lyon Eurexpo, avec 500 exposants attendus.
Un comble pour celui qui dit fuir les réseaux et soirées, citant Pierre Desproges : “Quand on est plus de quatre, on est une bande de cons”. “Notre absence d’expérience dans l’organisation de salons a été un atout plutôt qu’un handicap, fait remarquer Guillaume Abou, beaucoup plus affable quand vient le moment de parler de son activité. Nous proposons un salon nouvelle génération avec énormément de contenu. Avant, les gens allaient sur les salons pour chercher de nouveaux produits et boire une coupe de champagne. Aujourd’hui, l’innovation n’est plus dans les techniques, mais dans les nouvelles applications que l’on en fait. Le gros changement, c’est qu’aujourd’hui, tout le monde peut devenir imprimeur. Il faut donc trouver de nouveaux business model”. Une chance, dit-il, pour les créatifs. Car si tout le monde peut imprimer, tout le monde ne peut pas nécessairement créer.
A la tête d’une équipe de 25 personnes et avec un bureau à Barcelone, Guillaume Abou n’aime pas rester sur ses acquis, comme pourrait l’illustrer son fauteuil brinquebalant. Une sensation de liberté qu’il retrouve chaque soir, depuis quelques mois, en rentrant à la maison… ou plutôt sur son bateau. Il réfléchit à d’autres projets, dont l’organisation prochaine d’un C!Print à Milan. Même si, il l’affirme, il est bien à Lyon et compte y rester : “Enfin, il se passe des choses dans cette ville !” L’occasion peut-être d’une prochaine rencontre pour en savoir un peu plus sur l’homme de la comm’ qui garde sa part de mystère.
Corinne Delisle
@corinnedelisle
* Les 3, 4 et 5 février à Lyon Eurexpo.
Bref Rhône-Alpes n° 2190 du 04/02/2015
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