A l’occasion des Chênes du Centre-Est, organisé par la Société Générale et dont Bref Rhône-Alpes était partenaire, nous mettons à l’honneur les entreprises familiales.
Le 12 juin se sont tenus, à Lyon, les Chênes du Centre-Est, un événement organisé par la Société Générale qui, à l’occasion de ses 150 ans, avait fait le choix de mettre à l’honneur les entreprises familiales. Un modèle qui affiche des vertus indéniables face aux fractures économiques et sociales générées par la mondialisation. Et qu’un certain nombre de responsables (Yvon Gattaz - le père - en tête) et d’études mettent en valeur depuis une vingtaine d’années, en particulier face aux dérives récentes du capitalisme financier*.
Parmi les principales qualités de l’entreprise familiale : la vision à moyen terme de ses dirigeants-actionnaires, antithèse de la dictature court-termiste que les marchés boursiers imposent aux sociétés cotées. Cette patience est évidemment favorable à la longévité de l’entreprise dont on reconnaît, par là-même, une meilleure résistance aux crises. Dans le gros temps, ses propriétaires mettront tout en œuvre pour sauver “leur” société plutôt que de quitter le navire comme des actionnaires lointains le feraient sans état d’âme. Pour les acteurs du territoire (salariés, élus locaux…), l’entreprise familiale a le gros avantage d’y être solidement ancrée : ses dirigeants y ont leurs racines, leurs relations, leurs amitiés.
Innovante, porteuse de valeurs humaines et d’une culture maison, citoyenne, rentable… on attribue beaucoup d’autres qualités à l’entreprise familiale. Mais elle a ses faiblesses. Comme la difficulté de certains dirigeants à passer le relais à la génération suivante. La transmission, qui continue par ailleurs à poser des problèmes de fiscalité, est une période délicate : on a vu des dissensions purement familiales prendre alors une dimension brutale, des conflits fraternels violents après que le père se soit retiré des affaires. Sans compter que les talents ne sont pas héréditaires… encore qu’en réalité, le syndrome de l’héritier incompétent et flambeur semble avoir vécu : dans une étude de janvier 2013, Ernst & Young estimait qu’une des forces de l’entreprise familiale est justement de ne plus considérer “l’appartenance à la famille comme une qualification suffisante pour prétendre à un poste de direction”. Du coup, certains dirigeants n’hésitent pas à confier les rênes à un manager extérieur à la famille, le temps que la nouvelle génération s’aguerrisse. Le vrai problème est peut-être ailleurs : beaucoup d’héritiers ne sont pas attirés par l’entreprise familiale.
Autre faiblesse : le manque d’assise financière. Peu emprunteuse, guère enthousiaste à voir entrer des capitaux extérieurs et donc à perdre une partie de son pouvoir, la famille peut se retrouver face à un mur quand il faut investir massivement dans l’outil de production. D’où le mariage de raison, somme toute assez fréquent, entre famille et finance, à travers une entrée en bourse ou l’accueil de capital-investisseurs… pourvu qu’ils soient minoritaires. C’est celui qu’ont choisi des fleurons rhônalpins comme Seb, bioMérieux, Descours & Cabaud, Plastic Omnium ou encore MGI Coutier. Avec succès, il faut bien le dire.
Didier Durand
* Sylvain Gariel et Gauthier Lherbier : "Développer les entreprises patrimoniales" ; Ed. Eyrolles ; avril 2014.
A propos des Trophées Les Chênes du Centre-Est
Bref Rhône-Alpes n° 2163 du 11/06/2014
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