Laurent Lafaye et Fabrice Tocco ont créé Dawex en 2015. Ils restent actionnaires majoritaires et « conservent le contrôle total de la stratégie et des opérations de l’entreprise », précisent-ils.
Pour son deuxième tour de table, le lyonnais Dawex, éditeur d’une plateforme sécurisée pour l’échange de données entre entreprises, a convaincu trois industriels de rentrer à son capital.
Ces trois sociétés sont Bouygues Construction, l’espagnol Amadeus (voyages et transports) et le japonais Itochu (import/export). « Des entreprises qui ont compris que la data était un produit qui pouvait être valorisé », explique Laurent Lafaye, cofondateur de Dawex aux côtés de Fabrice Tocco. Rejoints par l’actionnaire historique, la Caisse des dépôts, et « un entrepreneur français du Web », les nouveaux actionnaires apportent 5 millions d’euros à Dawex qui veut « garder ce coup d’avance ».
Un accélérateur nommé RGPD
Car depuis sa création en 2015 à Lyon par le duo qui avait déjà participé à la création d’une première société dans le monde de la donnée (Lizéo sur les données des pneumatiques), la « data economy » est sur toutes les lèvres. A commencer par celles des Gafa qui ont fait des données le cœur même de leur modèle économique, avec le côté pervers que l’on connaît. Se positionnant dans ce Far West de la donnée comme « tiers de confiance », Dawex a déployé en Europe la « première place de marché dédiée aux données ». Elle permet aux entreprises et organisations - elles sont 7.000 aujourd’hui - d’orchestrer la circulation de leurs données en sourçant, monétisant et échangeant des données directement entre elles, en toute sécurité et dans le respect des réglementations en vigueur, en s’assurant de l'intégrité du contrat de licence grâce à la technologie blockchain. « Pour nous, le RGPD a été un accélérateur car il a fait comprendre aux chefs d’entreprise que leurs données avaient une valeur patrimoniale », ajoute Laurent Lafaye. « Les entreprises les plus en pointe sur la donnée deviendront les leaders de la nouvelle économie de la data, croit le cofondateur. Mais pour devenir une société axée sur les données, il faut changer les mentalités et la culture de l’entreprise. »
Agriculture et smart city
Déjà présente en Europe et aux Etats-Unis avec trente collaborateurs répartis entre Lyon, Paris, Montréal et San Francisco, Dawex compte désormais se déployer au Moyen-Orient et en Asie. Au Japon, l’entreprise lyonnaise participe à un projet sur la « normalisation de l’échange de données ». Car beaucoup de choses restent à faire dans cette économie naissante dont s’est saisi récemment le monde agricole. Dawex a ainsi conçu en marque blanche la plateforme API Agro. « A l’heure de l’agriculture numérique, l’accès aux données est devenu un sujet aussi stratégique que l’accès aux ressources naturelles et aux terres agricoles. Dans le contexte de concurrence mondiale, le nouvel enjeu n’est plus la donnée elle-même, mais plutôt la capacité à y accéder, à l’interconnecter, à la protéger, à la traiter et surtout à la valoriser », ont expliqué ses créateurs lors du lancement.
Dans un tout autre domaine, celui de la smart city, Dawex travaille sur la première plateforme de données territoriales dans le cadre d’un appel d’offres lancé par la Région Ile-de-France. Aux côtés d’Engie et d’autres partenaires, Dawex va réunir des données complexes (bâtiment, transport, ville, santé) qui permettront de mieux gérer la ville.
Cet article a été publié dans le numéro 2372 de Bref Eco.