Fin de parcours pour Watèa, le service d’électrification des flottes par Michelin.
Watèa by Michelin
Watèa by Michelin s’arrête net. Le groupe invoque un marché trop incertain. 45 emplois sont menacés, tandis que les représentants du personnel dénoncent un désengagement social du manufacturier.
Watèa by Michelin n’aura pas résisté à la réalité d’un marché des utilitaires électriques encore balbutiant. Créée en 2021 pour accompagner les entreprises dans l’électrification de leurs flottes grâce à une offre « tout-en-un » — véhicules, bornes, énergie, services — la filiale ne passera pas le cap de 2026. Son arrêt, confirmé par Michelin et Crédit Agricole Leasing & Factoring, son second actionnaire, marque un tournant dans la stratégie de diversification du groupe.
Volumes insuffisants et modèle trop complexe
Dans un communiqué, Michelin explique « envisager l’arrêt des activités de Watèa by Michelin dans le respect des engagements à l’égard de ses clients et de ses partenaires ». En parallèle, un plan de sauvegarde de l’emploi doit être engagé, avec pour priorité, selon le groupe, « l’accompagnement humain et le retour à l’emploi pour les 45 collaborateurs concernés ».
Mais derrière la formule institutionnelle affleure un constat clair : Watèa n’a pas trouvé son marché. L’entreprise avait déjà stoppé ses ventes à l’été 2025. Un élu du CSE résume sans détour : « l’entreprise n’a pas trouvé le marché », faute de volumes suffisants et d’un modèle d’abonnement jugé trop complexe ou trop coûteux par les entreprises.
Dans son communiqué, Michelin justifie sa décision par « un environnement économique incertain et un contexte réglementaire qui a connu de nombreuses évolutions, telles que le rythme de mise en place des ZFE et les ajustements des mesures d’incitation au passage à l’électrique ». Ces revirements auraient « brouillé » la visibilité du marché, déjà freiné par des valeurs résiduelles faibles sur les utilitaires électriques.
Plusieurs initiatives liées à la mobilité décarbonée abandonnées
Le PSE, lui, se déploie dans un climat de tension. Les représentants du personnel dénoncent des mesures insuffisantes, inférieures aux pratiques sociales habituelles du groupe. L’arrêt de Watèa interroge aussi la cohérence stratégique du groupe. Après avoir cru à la complémentarité batterie-hydrogène et lancé des projets avec Stellantis ou Symbio, Michelin se retire de plusieurs initiatives liées à la mobilité décarbonée. Une contradiction relevée par un représentant syndical : comment « réaffirmer son engagement dans la décarbonation » tout en fermant une filiale dédiée à l’électromobilité ?