Vincent Rolland, président de Savoie-Mont-Blanc-Tourisme a écrit au président de la SNCF pour lui demander de faire pression sur Eurostar.
JFB
C’est au cœur de l'été qu’Eurostar a fait savoir qu’il supprimait ses liaisons entre Londres et Bourg-Saint-Maurice pour l’hiver prochain. Une décision qui intervient au moment où le plan de relance gouvernemental français doit injecter 4,8 milliards d’euros pour relancer le trafic ferroviaire !
Eurostar, détenu à 55 % par la SNCF, a décidé sans concertation de ne plus assurer le « skitrain » entre Londres et Bourg-Saint-Maurice, pour la prochaine saison d’hiver. Depuis plusieurs années, il existait en effet une liaison hebdomadaire entre Londres et Bourg-Saint-Maurice, via Albertville, Moutiers et Aime-La-Plagne pour une offre attractive de trajet direct aussi bien à l’aller qu’au retour. Celle-ci irriguait les plus grandes stations de Tarentaise qui concentrent à elles seules les deux tiers de l’activité du tourisme hivernal national.
Moins de monde et plus de pollution
Sur une saison classique, les Britanniques représentent environ 500.000 touristes, soit 40 % de la clientèle internationale. Environ 30.000 Britanniques empruntaient cette liaison ferrée chaque hiver. Si rien ne change, ces derniers seront donc contraints d'effectuer un changement depuis l’Eurostar à Lille ou à Paris. « Certains renonceront à venir ou choisiront l’avion ou la voiture. Cela nous fera ainsi moins de monde et plus de pollution », analyse Vincent Rolland, président de Savoie-Mont-Blanc-Tourisme.
Un train de nuit Paris-Bourg-Saint-Maurice ?
Cette décision est-elle l’une des premières conséquences d’un éventuel Brexit sans accord, de la pandémie mondiale du coronavirus, ou encore de considérations économiques ? Sans doute un peu de tout cela. Elle n’a pas manqué de heurter les milieux économiques et politiques. En particulier, elle a justifié, dès la fin du mois de juillet, une question au gouvernement par Vincent Rolland, député de Savoie, concernant le retour du train de nuit entre Paris et Bourg-Saint-Maurice. Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, lui a répondu qu’un plan de relance était en cours de confection et que les premiers arbitrages concernant les trains de nuit seraient annoncés fin août. Devant le Sénat, Bruno Le Maire a bien confirmé cette option, le 10 septembre, avec une nouvelle liaison nocturne entre Paris et Nice.
Sortie de secours avec des opérateurs étrangers
Sur les 30 milliards d’euros affectés à la transition écologique, 4,8 milliards d’euros seront consacrés au ferroviaire, dont 2 milliards d’euros pour compenser le coût de la crise à la SNCF. Sur la question de l’Eurostar et des trains de nuit, Vincent Rolland vient d’écrire au président de la SNCF pour lui demander que l’entreprise actionnaire majoritaire d’Eurostar fasse pression sur sa filiale pour revenir sur sa décision. Quant au train de nuit, avec l’ouverture à la concurrence qui se profile, Vincent Rolland est en contact avec un opérateur étranger qui exploite déjà des liaisons nocturnes entre la Suisse et l’Allemagne et entre l’Autriche et l’Allemagne, des pays qui sont revenus plus tôt que la France sur le transport nocturne.