Le projet lyonnais de télécabine relie le centre de Lyon à Francheville, en passant par La Mulatière ou par la colline de Sainte-Foy-lès-Lyon
D.D.
Le transport par câble prend de la hauteur ! Les installations se multiplient dans les vallées pour atteindre les stations de ski. Mais elles arrivent également, petit à petit, dans les villes. Et ce sera probablement le cas dans quelques années à Lyon.
Afin de lutter contre la principale source de pollution atmosphérique des sites touristiques de montagne, à savoir le transport automobile jusqu’aux stations, on va probablement voir se multiplier des installations câblées qui partiront des fonds de vallée, les fameux « ascenseurs valléens », sur le modèle de celui d’Orelle par exemple, qui dessert le domaine de Val Thorens depuis 1995. Ou comme L’Eau d’Olle Express, qui dessert désormais Oz-en-Oisans et L’Alpe d’Huez. Bientôt, ce sera le tour de Flaine d’être relié à la vallée de l’Arve grâce à un Funiflaine de 5 kilomètres de long et 1.360 mètres de dénivelé (*).
Désenclaver des quartiers
Après les montagnes et les vallées, le transport par câble va-t-il désormais séduire la ville ? En réalité, c’est déjà fait ! Rappelons que le constructeur grenoblois Poma a mis en service des télécabines à Medelin (Colombie) et Rio (Brésil) pour désenclaver les favelas ou encore à New York pour relier Manhattan à Roosevelt Island. Tout récemment, il a livré le téléphérique de Namur, en Belgique. La France ? Elle ne fait que s’éveiller au câble avec des projets ou des réalisations qui se comptent sur les doigts des deux mains : Brest, Toulouse, Créteil, Ajaccio, Saint-Denis de la Réunion et, dans la région, Grenoble et Lyon.
Le projet lyonnais, dans l’air depuis plusieurs années, constitue l’un des projets phares du plan de mandat du Sytral. Mais l’écologiste Bruno Bernard, son président (également à la tête de la Métropole), doit déjà faire face à une opposition locale et calmer les esprits en attendant le débat public annoncé cet automne. Le parcours envisagé, entre Francheville et Lyon via La Mulatière et Sainte-Foy-lès-Lyon, doit désengorger une circulation automobile très dense depuis la colline plongeant sur la ville centre. On connaît les qualités intrinsèques d’une télécabine : régularité et rapidité (comparable au tramway), capacité (4.000 personnes/heure), sans pollution de l’air (fonctionnement électrique). Trois fuseaux sont proposés avec des arrivées à Gerland ou à Perrache, et six à huit stations selon les parcours, pour un budget estimé à 160 millions d’euros.
Nimby !
Bruno Bernard demande un débat serein : « La télécabine répond ici à un vrai besoin auquel ni le tramway ni le métro ne peuvent répondre (…) Des désagréments ? Il y en aura sans doute mais c’est le cas de tous les projets d’infrastructure. » Face à lui, les opposants ne veulent pas entendre parler de cabines survolant leurs habitations, ni de pylônes. Not in my backyard, surtout quand l’environnement est de qualité, tranquille et les quartiers concernés très aisés...
* Le contrat de concession de service public a officiellement été signé le vendredi 11 juin par le Syndicat mixte Funiflaine et un consortium composé de la Compagnie des Alpes, la société autoroutière ATMB, l’industriel Poma et le Crédit Agricole des Savoie. Mise en service prévue en 2025.
Cet article a été publié dans le numéro 2458 de Bref Eco.