L'usine roannaise de Setic emploie 82 personnes.
Vincent Charbonnier
Le fabricant roannais de machines de torsion de câbles Setic est en redressement judiciaire depuis le 28 août, malgré un solide carnet de commandes. Son Pdg Thierry Collard s’explique sur cette situation résultant, selon lui, des difficultés de son actionnaire, l’italien Maccaferri.
C’est un coup de massue qu’ont reçu les salariés de Setic et de Pourtier à leur retour de vacances. Les deux sociétés, qui paraissaient en bonne santé lors d’une visite du site de Roanne en juillet, ont été placées en redressement judiciaire le 28 août, alors que Setic affiche un carnet de commandes rempli jusqu’en avril 2020.
La source de leurs difficultés : la santé financière de leur maison mère, l’italien Maccaferri, dont deux de ses cinq divisions ont subi d’importantes pertes en 2018 et sont en cours de liquidation. Pour se protéger, le groupe bolognais a ouvert une procédure de sauvegarde. Cette situation a rejailli sur Setic et Pourtier. Fin juillet, des banques, française et belge, ont suspendu les lignes de crédit qu’elles accordaient aux deux sociétés françaises pour financer la production de machines de torsion et de machines de fabrication de gros câbles pour la transmission d’énergie, notamment pour un contrat de 5 millions avec un client chinois.
« Notre situation est exclusivement liée à des problématiques de financement, estime Thierry Collard, Pdg de Setic et Pourtier. Sans ligne de crédit, on ne peut plus financer nos besoins en fonds de roulement. »
Six millions d’euros à trouver
La direction de l’entreprise française cherche aujourd’hui à trouver des relais financiers. Via la Dirrecte, elle s’est rapprochée de Bpifrance et de la Caisse des dépôts et d’autres partenaires bancaires. « Avec l’argent qu’on a pu thésauriser avant le redressement judiciaire, nous pouvons survivre en autofinancement jusqu’en décembre 2019 - janvier 2020 », observe Thierry Collard qui chiffre à six millions le montant nécessaire de soutiens bancaires, notamment pour reconstituer les besoins en fonds de roulement.
Mais le redressement judiciaire aura un impact sur les futures prises de commande et sur le volume d’activité. « Il y aura des dégâts collatéraux », avance Thierry Collard. Des postes d’intérimaires n’ont pas été reconduits. D’autres suppressions d’emploi devront être réalisées « pour adapter la structure ».
600 millions d'euros d'endettement pour le groupe italien
Prochaines échéances : le 23 octobre au tribunal de commerce de Roanne. Et surtout le 4 novembre devant celui de Bologne. La SECI, holding de Maccaferri, doit préciser ce jour-là son plan de continuation. Le groupe italien contrôlé par quatre frères et deux cousins présentait un endettement de 600 millions d'euros pour un chiffre d’affaires d’un peu plus d'un milliard en 2017.
La situation de sa division Energie s’est dégradée par suite de la remise en cause d’importants contrats de fourniture de panneaux photovoltaïques au Brésil après l’élection du président Bolsonaro. Son autre division Real Estate a pâti de l’arrêt de chantiers aux Emirats.
Setic emploie 82 personnes à Roanne, Pourtier 17 à Saint-Thibaud-des-Vignes (Seine-et-Marne) pour un chiffre d’affaires consolidé d’une quarantaine de millions d'euros. Fin août, Setic accusait un retard de facturation de 750.000 euros, selon Thierry Collard.