L'atelier de CM Dupon a bénéficié de 400.000 euros d'investissement pour le doter d'équipements comme un pont de levage.
Seul fabricant français de dameuses pour les pistes de ski, CM Dupon vient de connaître des mois délicats. Plombée par un manque de trésorerie, la société revient sur le marché au travers d’un plan de redressement ambitieux et innovant. Points clés de sa stratégie : le rétrofit et la vente de pièces de réemploi garanties.
L’histoire hexagonale de la production de dameuses à neige continue, vaille que vaille. Romain Dupon avait repris, début 2016, le fabricant isérois d’engins de damage, Aztec pour créer CM Dupon avec comme volonté de trouver une place, même petite, entre les deux cadors du marché en Europe, l’italien Prinoth et l’allemand Kässbohrer AG. Mais l’entreprise, installée à Pontcharra, a failli subir le même sort que Aztec. « En cumulé, explique Romain Dupon, le gérant, nous avons sur les trois derniers exercices atteint 800 000 euros de résultat d’exploitation. » Bien, mais insuffisant car dans ce métier tout est payé à la livraison : « En clair, nous devons immobiliser près de 2 millions d’euros de stocks, alors que notre chiffre d’affaires atteint 2,5 millions. »
Un nouveau stock de machines d'occasion
L’entreprise iséroise a monté, durant l’été, un plan de redressement, classique sur dix ans, et évité un éventuel dépôt de bilan. Dans une lettre à ses partenaires, Romain Dupon écrivait il y a quelques jours : « Nous avons affronté plusieurs mois de redressement judiciaire provoqué par la rupture brutale de service d’une de nos banques. Aujourd’hui, nous sommes heureux de vous de vous informer que la société est sortie de ce redressement le 21 octobre 2020. » Et c’est donc sans aucun soutien bancaire que l’équipe a réinjecté près de 700.000 euros afin de concrétiser un vrai projet de relance.
L’outil de production a bénéficié d’un investissement de 300.000 euros et CM Dupon a constitué un stock de machines d’occasion d’une valeur de 400.000 euros. Au passage, elle a musclé son équipe et élargi ses compétences avec le recrutement de cinq techniciens pour atteindre un effectif de 14 personnes.
S'inscrire dans une logique d'économie circulaire et de durabilité environnementale.
Investissements et recrutements donc, mais aussi et peut-être surtout la mise en place d’une stratégie innovante sur un marché où « la concurrence est féroce » . CM Dupon a ainsi développé deux nouvelles offres. La première porte sur le rétrofit de dameuses et la seconde sur la mise place d’un catalogue de pièces de réemploi. Le rétrofit, pratique courante sur le marché connexe des surfaceuses, mais pour le damage des pistes, hors du flux parcimonieux de machines d’occasion généré par les constructeurs, la rénovation des équipements de seconde main est inexistante. « C’est une nouvelle manière d’aborder ce marché et c’est aussi une manière de nous inscrire dans l’économie circulaire et la durabilité environnementale. »
Partenariat de distribution de pièces de réemploi
CM Dupon a déjà séduit la Compagnie des Alpes et avance en parallèle sur les pièces de réemploi, un marché vierge que la société veut investir en offrant une garantie d’un an sur tous les éléments changeables. Le dossier avance avec sans doute en janvier l’annonce d’un partenariat de distribution avec un acteur clé de l’économie de la montagne.
CM Dupon table sur un chiffre d’affaires de 10 millions d’ici cinq ans avec un tiers de l’activité en rétrofit et 10 % réalisés avec les pièces de réemploi.