L’insertion du futur site dans la ville.
Patriarche
Annecy, son lac, ses montagnes et… son industrie. La carte postale des eaux cristallines reposant entre les sommets de La Tournette et du Semnoz fait souvent oublier que l’agglomération haut-savoyarde accueille aussi un nombre non négligeable d’entreprises industrielles. C’est le cas du groupe japonais NTN, le plus gros employeur privé de Haute-Savoie qui porte aujourd’hui un programme immobilier et urbanistique d’envergure en plein cœur d’Annecy.
L’histoire commence en 1880 sous le nom de SRO, en Suisse où Jacques Schmid invente les premières bagues et billes pour les roulements mécaniques. Détentrice d’un brevet, l’entreprise fournira l’aéronavale française lors de la première guerre mondiale, tant et si bien qu’elle décidera d’installer en 1916 sa production à Annecy, à deux pas de la gare ferroviaire. Le site a deux avantages majeurs pour l’époque : un approvisionnement en électricité auprès des Forges du Fier et la proximité des aciéries d’Ugine. Totalement détruite par les bombardements en 1944, l’usine sera alors reconstruite par la Régie Renault qui la renomme SNR (Société Nouvelle des Roulements).
Dès lors, les Trente Glorieuses et le boom de l’automobile porteront sa croissance, poussant SNR à multiplier ses sites industriels dans le bassin d’Annecy : à Meythet en 1956, Argonay en 1964, Seynod en 1966 et Cran-Gevrier en 1974 puis en 2014 (2 400 salariés en tout). Aujourd’hui, SNR devenu NTN Europe est l’un des principaux fabricants mondiaux de roulements à destination des industriels de l’automobile, de l’aéronautique ou du ferroviaire.
Le futur siège, ouvert sur la ville.
Une implantation urbaine confirmée
Il aura fallu près d’une décennie pour mener à bien ce qui constitue un dossier immobilier autant qu’un programme urbanistique : la construction, sur son site historique du centre-ville d’Annecy, du nouveau siège social de NTN Europe. La taille et la complexité du dossier ont fait intervenir une bonne partie des institutions publiques (Grand Annecy, Département, Région, Préfecture). Elles étaient toutes présentes lors de la pose de la première pierre, le 10 juillet dernier, autour de la direction et du président du groupe NTN, Eiichi Ukai.
En réalité, NTN poursuit la réduction de son activité purement industrielle en ville au profit de ses sites périurbains. En 2025, plus aucune fabrication ne sera réalisée dans le site de la ville-centre, lequel n’abritera plus que des activités tertiaires et de recherche & développement. La direction se sépare progressivement du tiers des onze hectares de foncier dont elle est propriétaire. Elle a cédé deux lots au promoteur Cogedim qui participera à la réhabilitation d’un nouveau quartier (construction de 675 logements, d’un commissariat, de nouvelles rues…).
Un projet établi dans le dialogue privé-public
« Il était nécessaire de prendre en compte les enjeux urbanistiques et paysagers existants avant même de parler architecture, et de travailler en politesse avec la ville et le voisinage, pour répondre aux enjeux du moment sans faire injure au futur », résume Jean-Loup Patriarche, dirigeant de l’agence d’architecture chambérienne retenue pour le programme NTN Europe. Le futur siège social est qualifié par son propriétaire d’écoresponsable. Le bois en sera le matériau principal, retenu pour ses excellentes performances énergétiques, thermiques et acoustiques, sans parler de son esthétique chaleureuse. La consommation énergétique des bâtiments sera diminuée de 70 % (!), grâce également à l’utilisation maximale de la lumière extérieure via une toiture en shed. 520 m² de panneaux photovoltaïques seront disposés sur la toiture et des ombrières solaires installées sur le parking qui pourra accueillir 250 vélos et des véhicules électriques pour le tiers de sa capacité. À terme, le site serait quasi autosuffisant en électricité. Tout autour, 130 arbres plantés seront plantés. Et un effort particulier sera fait pour faciliter l’infiltration des eaux de pluie et ainsi éviter qu’elles ne surchargent les systèmes de drainage urbain.
Une autre façon de travailler
Si, au sein du nouveau siège, les collaborateurs profiteront d’un excellent niveau de confort (restaurant, cafétéria, conciergerie, espace détente, rooftop, aménagements extérieurs), ils devront aussi se plier à une nouvelle distribution des espaces. Les bureaux individuels laisseront place aux salles de réunion, bulles de quatre personnes, espaces de collaboration… Laurent Guiot, directeur des ressources humaines, se veut rassurant : « Il s’agit là d’une véritable mutation de l’entreprise quant à la façon de travailler. Outre un quartier de 150 m² présentant ces futurs espaces collaboratifs ouverts ou fermés, un soutien aux responsables de service pour bien manager leurs équipes dans cette transition est également prévu ».
Cet article est issu de notre hors-série « Les Champions des Territoires Durables, à retrouver ici.