Lancé dans les pays en développement grâce à l’aventure du microcrédit, le marché de la base de la pyramide ne cesse de se développer, jusqu’en Europe…
Parti du Bangladesh dans les années 1980 avec la Grameen Bank créée par Muhammad Yunus, le banquier des pauvres devenu Prix Nobel de la Paix et chantre du social business, le microcrédit a fait du chemin depuis. Des zones rurales asiatiques ou africaines où se sont multipliées les initiatives destinées à faire émerger un entrepreneuriat à la base de la pyramide (la partie de la population la plus pauvre), la micro-finance s’est étendue jusqu’aux Etats-Unis et en Europe. Pas étonnant : la pauvreté sévit aussi sur le Vieux Continent. En France, huit millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté (moins de 965 € de revenu mensuel net d’impôts et charges sociales). Et ce chiffre est en progression.
Face à des états impuissants à éradiquer le mal, et parallèlement à des associations très impliquées (Adie, Ashoka…), des entreprises privées ont commencé à investir le champ de la microfinance et de l’entrepreneuriat social, en essayant d’ouvrir aux plus démunis les portes du marché. Il ne s’agit pas d’aider les pauvres à s’acheter une télé à écran plat ou des produits low cost mais à trouver un emploi ou à créer eux-mêmes une activité générant des revenus, afin qu’ils deviennent les acteurs de leur (ré)insertion.
La Caisse d’Epargne Rhône-Alpes s’est ainsi lancée dans le microcrédit il y a quelques années. “Dans nos propositions de prêts de petits montants, à petits taux et à courte durée, qu’il s’agisse de prêts personnels ou de prêts professionnels, le plus important, c’est l’accompagnement du client. Après l’obtention du prêt, son projet est suivi par une équipe associative dédiée, chargée de lui inculquer les règles de base de la gestion d’un budget”, explique Stéphanie Paix, président du directoire de la CERA.
De son côté, Renault fait le constat que les personnes en difficultés habitent plus souvent en périphérie de villes, dans des quartiers peu accessibles en transports collectifs. D’où la difficulté de se déplacer sans voiture, facteur d’exclusion supplémentaire au regard du niveau très élevé d’un budget automobile. En 2012, le constructeur a ainsi créé une société financière dotée de 5 millions d’euros et destinée à financer des entreprises proposant des solutions de mobilité innovantes et capables d’améliorer la situation professionnelle de personnes éloignées du travail. Parallèlement, il propose, à travers des garages Renault “solidaires”, une offre de produits et de service à prix coûtants (achat de véhicules, réparations…). Un programme soutenu directement par Carlos Ghosn et dont le comité de surveillance accueille en son sein un certain… Muhammad Yunus.
Didier Durand
Photo : ©Sebastien Millier. Claire Martin, directeur de la Responsabilité Sociale du Groupe Renault.
Bref Rhône-Alpes n° 2158 du 16/04/2014
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