Porté par l’impression d’avoir décroché le meilleur job du monde, Romain Roy savoure le bonheur de faire grandir Greenweez, sa société de vente en ligne de produits naturels.
Amateur de trail, Romain Roy adore partir de chez lui en baskets et se retrouver quelques minutes plus tard à courir dans la montagne. “Il y a peu d’endroit aussi fabuleux dans le monde”, sourit le président de Greenweez. Ce fils de militaire parle en connaissance de cause : il est né en Normandie, mais a grandi en Corse, au Brésil, en Espagne avant de rejoindre la région parisienne où il a passé une quinzaine d’années. Après deux ans de coopération à Madrid, cet ingénieur Supélec décide de revenir, fin 1999, en France où tous ses copains sont engagés dans des start-up de l’Internet. Il veut travailler dans ce secteur et intègre ISDnet, le premier opérateur français indépendant de télécommunication par Internet. Il est chef de projet au sein de cette société en forte croissance lorsqu’elle est rachetée par le britannique Cable & Wireless. En 2003, il s’associe avec un ami pour créer G3net, une petite société spécialisée dans la téléphonie sur IP. Après quatre ans, l’activité est revendue à Risc dont il reste directeur commercial jusqu’en 2008 où il fonde Greenweez avec Carl de Miranda, un ami de lycée. “Créer une entreprise seul, c’est très compliqué. A deux, on est beaucoup plus forts”, estime le dirigeant qui revendique un goût certain pour l’organisation et le management des hommes : “Je suis issu d’une famille d’officiers avec un père et des frères qui ont fait de brillantes carrières. Plus jeune, je me suis un peu rebellé contre ces valeurs. Mais il est évident qu’elles m’ont marqué”.
Pour l’implantation de leur société, les deux associés n’ont pas hésité longtemps. Carl de Miranda était déjà installé à Saint-Jorioz et Romain Roy avait des racines familiales sur les bords du lac d’Annecy. C’est là qu’enfant, il passait ses vacances. Et là qu’il voyait bien grandir ses propres enfants : “J’en ai quatre, âgés de 4 à 13 ans. Pour une famille, les conditions de vie en région parisienne ne sont pas idéales”, dit-il.
Greenweez est la première société française à s’être spécialisée dans la vente sur Internet de produits naturels et biologiques. Elle a levé à plusieurs reprises des fonds pour accompagner sa forte croissance : ses effectifs ont atteint une soixantaine de salariés pour un chiffre d’affaires de 18 millions d’euros. La stratégie mise en place a évolué en parallèle : l’offre, à l’origine très horizontale, s’oriente de plus en plus vers celle d’un supermarché du bio. Faute d’espace, la logistique est externalisée sur une plateforme dans le Nord Isère. “Mais nous avons vécu des moments difficiles car nous avons dû nous séparer de collaborateurs alors que l’éthique est l’un des fondements de notre modèle, souligne Romain Roy. Il fallait en passer par là pour parvenir à l’équilibre financier puis à une situation profitable qui nous donne une plus grande liberté”.
Greenweez, dont les effectifs ont été ramenés à 25 personnes, reste depuis l’origine fidèle aux spécificités de son management. A mille lieux des pratiques en vogue dans les start-up, elle incite ses salariés à ne pas passer tout leur temps au travail. “Il est important de bien séparer vie privée et vie professionnelle”, dit son président de plus en plus ouvert à des pratiques comme le télétravail, les horaires aménagés ou encore le temps partiel. La tendance est aussi à la responsabilisation de chacun avec la suppression du management intermédiaire afin de donner davantage d’autonomie et de liberté aux salariés. En parallèle, des process de discussion, partage de l’information et de transparence sont mis en place tandis que les salariés vont être intéressés aux bénéfices de l’entreprise, indépendamment de leur niveau de salaire. Le dirigeant s’est rapidement impliqué dans le tissu économique local. Il défend ainsi vigoureusement la candidature d’Annecy French Tech et accompagne de jeunes entrepreneurs du Réseau Entreprendre® dont il avait été l’un des lauréats en 2008. “Les liens noués dans ce cadre sont très rafraîchissants. Et ils ne sont qu’un juste retour des choses. De la même manière, l’enfant de la République que je suis est très content de payer des impôts. Même si tout n’est pas parfait, la France est un bon pays pour entreprendre”, assure-t-il.
A 41 ans, Romain Roy a souvent l’impression d’avoir le meilleur job du monde. Il prépare sa diversification en dehors du web avec des magasins bio en dur.
Claude Thomas
Bref Rhône-Alpes n° 2200 du 22/04/2015
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