Alain Mérieux, entouré de Philippe Valentin, président de la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne (à gauche), et de Patrick Lepagneul, directeur général de L’Entreprise des Possibles.
DD
Trois ans après sa création, le fonds de dotation L’Entreprise des Possibles, destiné à collecter des fonds auprès des entreprises pour aider des associations de lutte contre la précarité, affiche un bilan remarquable. Son effort s'intensifie.
« Face à la crise de la Covid, aux conséquences parfois dramatiques, il y a deux façons de réagir. La première, c’est de fermer les portes, les oreilles, se cadenasser et attendre je ne sais quoi ; le résultat sera une sclérose intellectuelle, mentale et humanitaire. La seconde, à mon avis la seule valable, c’est, malgré les difficultés, de s’ouvrir, d’aller voir ce qui se passe ailleurs et d’essayer de tendre la main. Je suis intimement persuadé que cette ouverture amène du souffle et une raison de vivre supplémentaire ; c’est ce qu’on essaie de faire, modestement. C’est une bataille philosophique. » La citation pourrait sortir de la bouche du représentant d’une ONG. Non, c’est celle d’un grand patron lyonnais, Alain Mérieux, lors de la présentation des résultats de la structure qu’il a lancée il y a presque trois ans : le fonds de dotation L’Entreprise des Possibles (EDP). Il s’agit d’un collectif d’entreprises venues rejoindre l’appel du « vieux sage » pour aider les sans-abri, en particulier les femmes, les enfants et les jeunes en grande précarité.
Solidarités humaines
Depuis sa création début 2019, l’EDP est venue en aide à 3.000 personnes en donnant un toit à 1.250 d’entre elles, grâce à la mobilisation de 2,5 millions d’euros en provenance d’une centaine d’entreprises adhérentes (beaucoup ont pignon sur rue à Lyon) et de leurs salariés qui ont donné un peu de leurs congés payés. Ces aides s’appuient sur des associations qui mènent des missions humainement difficiles d’insertion sociale, d’accès aux soins et à l’hygiène, d’aide à la parentalité, à la prévention contre le passage des jeunes à la rue… Comme la Halte des Femmes qui accueille des femmes sans logement en sortie de maternité ; le projet CoCon qui apporte des solutions de logement à des jeunes qui commencent à travailler mais vivent toujours dans la rue ; la Maison Oxygène qui accueillera bientôt des pères et leurs enfants ; ou encore la Base, un ensemble de 17 petits chalets en bois qui abritent des femmes, enceintes, seules ou avec de jeunes enfants.
Intégration
En 2022, 1,1 million d’euros sera alloué à 18 projets. Dans le site d’hébergement des Grandes Voisines, qui abrite 475 personnes dont 180 enfants, l’EDP va engager 7.000 euros pour soutenir l’aménagement d’un pôle enfance et santé, avec Notre Dame des Sans-Abri et l’Armée du Salut. Amis de la Rue (60.000 euros), Passerelles (60.000 euros), Passeport pour Agir (40.000 euros), Zone Libre (50.000 euros), Archipel (50.000 euros), etc. autant de lieux aidés, en lutte contre une précarité souvent invisible. Et Alain Mérieux de conclure, avec la « niaque » qui ne le quitte pas : « En avril 2020, lors du premier confinement, alors que les violences faites aux femmes s’aggravaient, le foyer Effets Mères a accueilli en plein centre de Lyon cinquante femmes et enfants d’origine étrangère. Leur intégration est remarquable ; il faut le souligner car on parle trop souvent des rejets. »
Cet article a été publié dans le numéro 2479 de Bref Eco.