Pascal Paganon et Jean-Louis Escoffier, le nouveau tandem à la tête de Hélioscopie.
C.D.
Le fabricant de dispositifs médicaux pour le traitement de l'obésité Hélioscopie a été repris début mars à la barre du tribunal de commerce par un de ses anciens cadres, Pascal Paganon, associé avec l'industriel haut-savoyard Escoffier Frères, via sa holding Elival.
Créé en 2000 dans le Pays viennois, Hélioscopie, avec ses ballons et anneaux gastriques pour traiter l'obésité, est très vite devenue « une star ». Employant jusqu'à cent personnes pour 10 millions d'euros de chiffre d'affaires, la pépite s'est néanmoins retrouvée en difficulté, notamment en raison « de choix stratégiques qui se sont révélés désastreux », explique Pascal Paganon, ancien directeur de site de la société.
Une diversification malheureuse dans les implants mammaires
Il fait notamment référence à une diversification dans les implants mammaires, au moment même où éclataient les scandales sanitaires liés à d'autres implants du même type. Une accumulation de dettes a conduit l'entreprise en redressement judiciaire, avant d'être placée en liquidation en décembre 2018 assortie d'une poursuite d'activité le temps de retrouver un repreneur.
Plusieurs candidats étaient sur les rangs, mais c'est le projet porté par Pascal Paganon, ancien directeur R & D qui a été retenu. Il s'est associé pour la reprise à l'industriel de Thonon-les-Bains Escoffier Frères, via sa holding Elival détenue par Jean-Louis Escoffier, représentant de la 2e génération.
Le nouveau tandem - Pascal Paganon contrôle 51 % de la nouvelle société Hélioscopie et Jean-Louis Escoffier 49 % - a repris la quasi-totalité des salariés, soit onze personnes pour un chiffre d'affaires qui n'est plus que de 2 millions d'euros.
Car la chirurgie de l'obésité fait aussi l'objet de tendances. Et la tendance actuelle n'est plus aux anneaux et ballons gastriques - les produits stars de Hélioscopie- mais au sleeve et au bypass, des opérations chirurgicales qui consistent à réduire la taille de l’estomac et qui ne nécessitent donc pas la pose de dispositifs médicaux. Même si Hélioscopie propose un accessoire dédié à ces opérations, ce produit ne présente pas la même technicité, et donc pas le même prix, que les anneaux et ballons.
Cap sur l'Amérique du Sud
Mais Pascal Paganon est confiant et croit que ses dispositifs, qui sont mini-invasifs et réversibles, trouveront leur public sur certains marchés. Déjà présente à l'international où elle réalise 70 % de son chiffre d'affaires, la société commence à se développer en Amérique du Sud où elle fonde de grands espoirs, notamment en Argentine, au Brésil et en Colombie. Et de nombreuses synergies sont attendues avec son nouvel actionnaire, notamment commerciales.
Escoffier est spécialisé pour sa part dans la fabrication d'aiguilles, et autres dispositifs médicaux. Il a réalisé en 2018 un chiffre d'affaires proche de 14 millions d'euros, en croissance, avec 150 personnes. Il travaille pour des grands noms comme Merck ou Macopharma (don du sang). S'il ne commercialise pas encore de produits en propre, il prépare « le lancement d'un nouveau produit breveté dans la chirurgie qui va faire exploser le chiffre d'affaires », glisse Jean-Louis Escoffier.