Frank Barone, directeur général et Valérie Tanchou, présidente de Tetra Medical.
Pour son 115e anniversaire, Tetra Medical avait mis les petits plats dans les grands. L’occasion de revenir sur l’histoire de ce fleuron industriel ardéchois, fabricant de compresses, pansements et dispositifs médicaux, qui n’a pas toujours été un long fleuve tranquille.
L’aventure a donc commencé en 1904 avec une invention qui inspirera le nom de l’entreprise : une compresse à quatre épaisseurs. Du lin ou du chanvre à la ouate puis au fil de coton tissé, celle-ci deviendra stérile puis non tissée. Les photos jaunies de l’album de l’entreprise expliquent aussi comment l’actuelle Tetra Medical s’est formée, à partir du regroupement de plusieurs sociétés du textile et de la santé.
Innover et se diversifier face aux produits chinois
A partir des années 1970, elle résistera au tourbillon de la restructuration industrielle française. Mais au fil des ans, elle passera de onze sites de production à deux seulement, aujourd’hui. L’afflux massif de produits chinois poussera Tetra Medical à s’engager sur le chemin de l’innovation et de la diversification. Une remise en cause qui va déboucher sur le développement de sets de soins hospitaliers et chirurgicaux stérilisés, puis de sets destinés aux soins à domicile et de trousses de maternité. L’éventail de l’offre va s’ouvrir avec, toujours, la fabrication de produits d’hygiène (couches pour bébés) et de beauté, de pansements, et la commercialisation de produits réalisés par des partenaires : pastilles pour le nez et la gorge, biberons et sucettes de puériculture, gels et huiles de massage…
Une histoire récente également compliquée
L’histoire récente n’est pas non plus sans soubresauts. 2011 est l’année du dépôt de bilan de la filiale Hydra Cosmetics qui sera finalement cédée. En juillet 2015, détenue alors par des cadres dirigeants et Siparex, Tetra Medical est reprise par Yves Tanchou, un entrepreneur décidé à redynamiser l’entreprise. Malheureusement, il décède 18 mois plus tard. C’est sa fille qui reprendra la barre. Chercheuse en biochimie (Inserm, CEA), Valérie Tanchou n’est pas du sérail. Elle fait pourtant le pari de relancer la société, « par intuition », et recrute un directeur général qui relève le défi : Frank Barone, connu dans la région pour être passé chez Emin Leydier, Brenntag France ou encore LVL Medical.
Dans un discours empreint de modestie, la nouvelle présidente a des ambitions raisonnables. « Même avec un recul des activités, nous n’avons pas fait de plan social car l’objectif est de redresser la courbe de la croissance en passant de 40 à 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, et passer de 12 % à 20 % de nos ventes à l’international », dit-elle sans préciser de délais. Frank Barone, lui, explique que la priorité est de moderniser l’outil de production (digitalisation, automatisation, stérilisation) avec un budget d’investissement de plusieurs millions d’euros à engager prochainement. Pour que l’histoire de cette entreprise indépendante se perpétue, sur le territoire encore très industriel du nord-Ardèche.
Tetra Medical en quelques chiffres
CA 2018 : 40 M€ (- 5 %) dont 14 % à l’export ;
Effectifs : 214 collaborateurs (dont 170 à Annonay) ;
Deux sites de production : Annonay et Orléans ;
Trois marchés : hôpitaux et cliniques, pharmacies, soins à domicile ;
Société Via Logistique : 20 personnes à Annonay, prestataire exclusif de Tetra Medical (et filiale, comme Tetra Medical, de la holding familiale 3T Group).
Cet article a été publié dans le numéro 2389 de Bref Eco.