En 2015, Thierry Abribat recevait des mains de Florence Agostino, alors dg de Lyonbiopôle, un Trophée Bref Eco de l’Innovation.
En 2015, Thierry Abribat montait sur la scène des Trophées Bref Eco de l’Innovation pour recevoir le prix lab meeting qui récompensait les innovations issues des pôles de compétitivité avec un certain projet qui allait devenir… Amolyt Pharma, revendu en mars dernier 1 milliard de dollars. Neuf ans plus tard, il nous a fait l’honneur de revenir nous raconter son parcours et donner quelques conseils aux entrepreneurs présents lors de la 19e édition de nos Trophées qui s’est déroulée ce lundi 2 décembre à l’Opéra de Lyon.
Un parcours hors du commun pour ce vétérinaire de formation qui, après seize ans au Canada, rentre en France en 2005. Il intègre alors un petit laboratoire lyonnais créé par Gilles Alberici, un autre serial entrepreneur lyonnais (qui deviendra plus tard un de ses investisseurs de la première heure avec Octalfa). « Deux ans plus tard, je me décide enfin à créer ma propre entreprise, en allant chercher l’innovation dans les universités », explique Thierry Abribat. Naîtront Alizé Pharma 1 et 2, spécialisées dans les médicaments pour les maladies métaboliques et rares. Elles développeront notamment, jusqu’en phase 2, un médicament destiné au traitement du syndrome de Prader Willi (obésité très sévère) pour la première et un traitement contre la leucémie aiguë pour la seconde. Les deux entreprises seront rachetées par des Américains, Millendo Therapeutics pour la première en 2017 et Jazz Pharmaceuticals pour la seconde, en 2018.
Un changement de paradigme
Entre-temps, Thierry Abribat n’a pas chômé, créant Alizé Pharma 3, qui deviendra Amolyt Pharma. « J’ai voulu changer de modèle et inscrire la société dans la durée, en mettant en place une stratégie de développement d’un portefeuille de produits. Il s’agit cette fois d’aller jusqu’à des approbations réglementaires au niveau mondial et de mettre à la disposition des endocrinologues de meilleures options de traitement pour améliorer la vie de leurs patients », confiait Thierry Abribat à Bref Eco en janvier 2021. Une ambition rendue possible par un changement de paradigme chez les investisseurs : « En 2007, quand j’ai créé ma première société, les investisseurs européens étaient frileux et peu intéressés par les biotechs qui demandent un temps long ». Puis les choses ont changé, « avec beaucoup de syndications européennes : les conditions financières ont été propices au développement d’Amolyt Pharma », explique Thierry Abribat qui signera deux grosses levées de fonds (67 et 130 millions d’euros). Sans oublier les investisseurs (régionaux) de la première heure (Octalfa, Kreaxi, Relyens, Sofimac).
De la phase 3 à la revente
De l’argent frais qui permit à Amolyt de pousser jusqu’en phase 3 des médicaments dans l’endocrinologie. Un portefeuille produits qui a tapé dans l’œil du géant américain Astra Zeneca qui a racheté, en mars dernier, Amolyt Pharma pour un milliard de dollars, au moment où Thierry Abribat préparait l’introduction au Nasdaq, « de la biotech de ses rêves ». Après trois mois de transmission, l’entrepreneur se donne le temps de souffler… et de rêver à la suite.
Cet article a été publié dans le numéro 2603 de Bref Eco.