Solamat Merex et Spur environnement, toutes deux sur le même site à Rognac, traitant des déchets industriels, et toutes deux bras industriel de Veolia propreté, ont aussi toutes deux cherché à sortir au plus vite de la crise de 2009-2010 en misant sur l’imagination commerciale, le refus du licenciement, et une énergie vertueuse.
Face à la crise, investissements, embauches et innovation : ce sont les trois réponses de Solamat Merex et Spur environnement, toutes deux "mises en présence par l’histoire sur le même site à Rognac", souligne Thierry Zarka, le DG de Spur environnement. L’entreprise, vouée, avec ses 64 salariés, au traitement des déchets industriels en petites quantités, huiles de friture ou mercure de laboratoires, partage les lieux avec Solamat Merex. Cette dernière, qui compte 98 collaborateurs dirigés par Michel Auboiroux (DG), traite elle les déchets industriels produits en plus grande quantité.
Pourtant, si les équipes, les investissements et les dirigeants sont parfaitement autonomes depuis 2006, tous n’en sont pas moins le produit d’une culture SARP Industries - Veolia environnement, dont ils constituent le pôle déchets dangereux en Provence. Michel Auboiroux ne désavouera donc pas son collègue et voisin de bureau quand celui-ci évoque la crise actuelle. "Un coup de fouet, pour nous ! En 2009, l’activité s’est brusquement tassée. Mais nous n’avons joué ni le licenciement, ni la modération salariale. Nous avons des métiers de spécialistes, et chaque embauche est un investissement."
Montée des Pins, à Rognac, le turn over est anecdotique. Michel Auboiroux en a réalisé cinq, d’embauches, récemment, à l’occasion d’un marché confié par LyondellBasell, à Berre. "Ils attendent de Solamat Merex de trouver la meilleure solution de valorisation ou de traitement, catégorie de déchet par catégorie de déchet ; et la solution optimale ne passera pas toujours par nos fours ! " Ni courtier, ni uniquement industriel, l’entreprise esquive la crise en devenant optimiseur de solutions.
Les deux entreprises cousines entrent aussi de concert dans une démarche de certification 50001, "Système de management de l’énergie". Certes, tous doivent se préoccuper des besoins en éclairage, ou de la sobriété des véhicules. Mais Solamat Merex investit aussi actuellement 1,5 million d'euros pour acquérir un moteur à vapeur capable de produire l’électricité consommée sur le site, à partir du four industriel. "Nous ne voulons plus subir les continuelles hausses du prix de l’énergie et, croyez-moi, dans ce domaine les perspectives à dix ans nous incitent à trouver des solutions", résume Valérie Garbal, la responsable du développement de Solamat Merex, qui obtient le soutien financier de l’Ademe et de la Région Paca pour ce projet.
Mais ce dernier obéit aussi à d’impérieuses raisons techniques. Les microcoupures de secteur sont dramatiques pour les fours industriels. Ils sont alors contraints à l’arrêt automatique pour plusieurs heures. Solamat Merex espère donc réaliser de substantielles économies en… arrêtant d’arrêter. Spur, qui traite 13 000 de ses 19 000 tonnes annuelles de déchets dans le four de Solamat Merex, profiterait également de l’amélioration. Compte tenu de la revente - modeste - d’électricité à EDF, c’est d’abord l’économie attendue qui motive le projet. Elle serait tout de même de 200 000 € par an.
Avec un chiffre d'affaires de 25 millions d'euros en 2012 et une croissance retrouvée, Solamat Merex peut évaluer le résultat de sa stratégie. Elle propose de plus en plus à ses clients industriels de les aider à choisir les meilleurs traitements et valorisations possibles pour leurs déchets. Spur environnement et ses 13 millions d'euros de chiffre d'affaires, également en hausse, prépare quant à elle une montée en puissance du recyclage des plastiques qu’elle reçoit. Elle en a vendu 450 tonnes en 2012.
Michel Neumuller
Photo : ©M. Neumuller
Sud Infos n° 825 du 20/05/2013