Du côté de la France, le marché est stable, très légèrement en baisse, suivant une tendance observée depuis plusieurs années.
Les Saisies
Changement climatique, concurrence touristique, évolution démographique, budget, apprentissage difficile… Depuis des années, on tire la sonnette d’alarme pour les stations de ski. Mais les derniers chiffres mondiaux qui viennent d’être présentés, montrent une belle résistance du secteur.
Auteur du Rapport international sur le tourisme de neige et de montagne, l’expert suisse Laurent Danat devait en présenter la 12e édition lors du salon grenoblois Mountain Planet. Il en a finalement dévoilé les principales données en visioconférence. Et, surprise, les chiffres annoncés par les stations de ski étaient plutôt bons… jusqu’à la crise du Covid-19.
Précaution d’usage : le rapport annuel couvre 72 pays disposant d’au moins une station de ski. Compte tenu des différences de climats ou de conjoncture d’un continent à l’autre, toute globalisation des chiffres est donc à prendre avec des pincettes et demande immédiatement de zoomer sur les différentes régions et pays du monde. Autre précision importante : les chiffres mondiaux du document de Laurent Danat concernent la saison d’hiver 2018-2019. Autant dire qu’on ne connaît pas encore les conséquences exactes de la fermeture prématurée des stations en cette fin d’hiver, souvent estimées à -15 % pour la France, ce chiffre variant d’une station à l’autre, les plus touchées étant plutôt les stations de haute montagne dont la saison était alors loin d’être achevée.
Une bonne saison
Ces préalables posés, le rapport apporte une bonne nouvelle : en termes de fréquentation (nombre de journées/skieurs), la saison 2018-2019 a été la meilleure saison du millénaire, et la troisième saison consécutive en croissance. La palme revient aux Etats-Unis, qui signent la 4e meilleure saison de leur histoire, avec 59 millions de journées/skieurs, grâce à d’excellentes conditions d’enneigement.
Du côté de la France, deuxième ou troisième marché mondial selon les années, au coude à coude avec l’Autriche, pas de grand changement : le marché est stable, très légèrement en baisse, suivant ainsi une tendance observée depuis plusieurs années. Mais ce n’est pas la chute annoncée régulièrement. De même, la Suisse, qui avait touché le fond il y a quelques années, s’est quelque peu redressée, notamment grâce à l’effet très positif qu’a apporté le Magic Pass, un forfait saisonnier à prix réduits proposant plusieurs stations.
L'exemple chinois
La Chine apparaît, cette année encore, comme un cas d’école, avec des investissements très élevés, dans des stations mais aussi dans les centres urbains ! Avec 31 centres de ski indoor, 400 simulateurs et 45 pistes synthétiques, sa situation est unique au monde : les infrastructures d’apprentissage se sont multipliées à vitesse grand V pour « apporter le ski en ville ». Une évolution à laquelle la France (mais aussi d’autres pays occidentaux confrontés aux mêmes problèmes) devrait s’intéresser, selon Laurent Danat, elle qui a du mal à séduire une nouvelle clientèle, plus jeune et plus urbaine.
Le principal enjeu des stations, c’est l’apprentissage du ski, davantage encore que le réchauffement climatique
Pour lui, l’accès au ski n’est pas aisé pour une génération dont les parents ne sont pas toujours skieurs eux-mêmes et qui ne connaît pas les écoles de ski. Il faut donc changer la pédagogie du ski et, pour les débutants, dépasser la semaine de cours en station : « Le principal enjeu des stations, c’est l’apprentissage du ski, davantage encore que le réchauffement climatique », explique-t-il. Et de rappeler qu’on a vu des pistes éphémères dans des villes comme Genève ou encore un centre d’entraînement de ski indoor dans la station suisse de Saas Fee.