Selon Nicolas Bouton, le robot « peut simuler la mêlée fermée et réagir comme un joueur du Top 14 : il se déforme en fonction de la poussée du joueur et peut obliger celui-ci à reculer ou à se déplacer sur un rayon de trois mètres".
Sigma
L’école d’ingénieurs Sigma Clermont a récemment présenté une version évoluée de son joug de rugby robotisé qui se rapproche désormais d'une solution industrielle à un prix très compétitif.
« Nous avons réalisé une avancée technologique importante qui permettra de faire évoluer positivement la mêlée du club auvergnat », annonce l’école d’ingénieurs Sigma Clermont dont le joug de rugby robotisé - une machine qui permet aux avants de travailler spécifiquement la mêlée fermée - répond à une demande formulée en 2009 par la section rugby de l’ASM (championne d’Europe 2019 et vice-championne du Top 14). Celle-ci recherchait un joug capable de simuler des scénarios de mêlées fermées et d’opposer au joueur une poussée allant jusqu’à 400 kg. « Dans un premier temps, des travaux d’étudiants se sont succédé pour la recherche d’une solution mécanique. Le premier modèle était inspiré d’un bras de pelleteuse de chantier », se souvient Nicolas Bouton, enseignant-chercheur à Sigma Clermont et joueur de rugby depuis une vingtaine d’années. En 2014, ce spécialiste de la mécanique et de la robotique a suggéré d’intégrer des algorithmes de commandes à cette structure.
Un robot comme un joueur du Top 14
Trois ans plus tard, une nouvelle solution a été mise au point, à partir d’un robot industriel. Ce joug de rugby robotisé est capable de proposer plusieurs scénarios pouvant intervenir dans un match de rugby (poussée axiale, mêlée tournée, mêlée effondrée…), de contrer une poussée de plus de 400 kg, de mesurer et d’enregistrer l’attitude du joueur (effort et direction de poussée, position…). Il peut être télécommandé par l’entraîneur.
Il y a quelques semaines, Sigma Clermont a présenté son nouveau modèle, Strongarm, qui va plus loin. Développé à partir d’un robot IRB 6620 prêté par le roboticien suédois ABB, il permet de développer des algorithmes de commandes plus évolués. En outre, il est dix fois plus puissant que la version précédente. « Il peut simuler la mêlée fermée et réagir comme un joueur du Top 14 : il se déforme en fonction de la poussée du joueur et peut obliger celui-ci à reculer ou à se déplacer sur un rayon de trois mètres », décrit Nicolas Bouton qui ajoute : « Lors de notre présentation, Samuel Cherouk, sélectionneur de l’équipe de France de rugby à XV féminin, a été impressionné par cette machine qui semble bien adaptée à la morphologie des femmes. » La Ligue Auvergne-Rhône-Alpes est, elle aussi, intéressée. « Nous nous rapprochons de la solution industrielle à un prix très compétitif », conclut-il.
Cet article a été publié dans le numéro 2377 de Bref Eco.