Outre les sportifs, les savoir-faire des entreprises rhônalpines seront bien représentés aux JO de Sotchi.
C’est donc parti pour les Jeux olympiques les plus chers de l’histoire. Vitrine d’une Russie “poutinienne” qui veut en remontrer au monde entier, Sotchi constitue un enjeu politique et diplomatique de premier plan. Mais elle aura aussi été un enjeu commercial énorme : en moins de dix ans, cette région entre mer Noire et Caucase aurait bénéficié de 37 milliards d’euros d’investissements en infrastructures et installations sportives et touristiques. Pharaonique !
Frédéric Gaimard, cogérant du cabinet de géomètres-experts Geode (Bourg-Saint-Maurice/Savoie) spécialisé dans l’aménagement de la montagne, a découvert la vallée de Krasnaïa Poliana, qui accueille les compétitions olympiques de ski, dans les années 1990. Et se souvient : “Nous avions été contactés par un oligarque russe qui y avait racheté quelques remontées mécaniques. Le site naturel était de qualité. A l’époque, le village se composait de quelques maisons, d’une ancienne base de l’armée et d’un petit hôtel. La cartographie était inexistante. Nos premières études nous ont permis d’identifier quatre sites… qui ont été retenus par Vladimir Poutine quelques années plus tard. Malheureusement, après une consultation sommaire, ce sont des Autrichiens qui ont été choisis pour entamer l’aménagement de la vallée”.
300 millions d’euros de contrats signés
D’autres entreprises françaises ont eu plus de chance et ont pu déployer, sur les chantiers olympiques, leurs expertises mondialement reconnues : études et schémas directeurs, aménagement et sécurisation des pistes, enneigement artificiel, déclenchement d’avalanches, signalétique, exploitation des stations… La plupart se sont appuyées sur des partenaires locaux, intermédiaires importants lorsqu’on ne connaît ni le russe ni les codes locaux de négociation. Benoît Robert, directeur du Cluster Montagne (Alpespace ; Savoie), évalue à quelque 300 millions d’euros les contrats signés par une douzaine de ses adhérents (1) pour l’équipement des domaines skiables, soit un tiers des marchés concernés. “Les Russes sont partis d’une feuille blanche : les stations ont été construites sur des sites vierges ; elles sont dotées du top de la technologie, comme par exemple la cartographie des hauteurs de neige qui rend beaucoup plus efficace le damage des pistes. Cela fait de Sotchi une très belle vitrine des savoir-faire rhônalpins”.
Mais si les Jeux démarrent à Sotchi, les entreprises françaises ont déjà les yeux tournés vers les JO d’hiver de Pyeongchang en 2018, vers la Chine et le Kazakhstan (candidats pour 2022), l’Azerbaïdjan ou la Mongolie, sans oublier d’autres sites du Caucase. “Les pays asiatiques vont forcément s’équiper de nouvelles stations de ski. Ce sont autant de clients potentiels”, explique Maxime Rougeaux, directeur marketing de MyNeige. Des clients qui viendront prendre le relais de stations françaises n’offrant plus aujourd’hui que des marchés de renouvellement.
Didier Durand
@didierldurand
(1) Abest Ingénierie, Compagnie des Alpes, Dianeige, Engineerisk, Etienne Lacroix, Géode, Lumiplan, LST Ropeway, MBS, MyNeige, Poma, TAS.
Photo : ©CDA. Poma (remontées mécaniques), Compagnie des Alpes (gestion des stations), Lumiplan (signalétique), etc. : le savoir-faire français est reconnu sur le marché mondial de l’équipement des stations d’hiver.
Bref Rhône-Alpes n° 2148 du 05/02/2014
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