Les élèves d’Esmod Paris ont conçu des prototypes à partir du tissu Everweave.
Esmod Paris
Depuis de nombreuses années, le fabricant de tissus jacquard de Charlieu, sous l’impulsion de son dirigeant Eric Boël, a inscrit le développement durable dans son quotidien. Une démarche dont les salariés sont le noyau central.
Ceux-ci ont par exemple le champ libre pour mener, au sein de leur entreprise, des projets entrepreneuriaux. Après la création de L’Etol, de Tonnerre de Belt (ceintures) et de Bis Repetisacs (sacs à partir de fibres recyclées), deux salariés - Antoine Vaesken & Claire Bonardot - viennent de donner naissance à Everweave, un projet d’upcycling, soit « l’action de récupérer des matériaux ou des produits dont on n’a plus l’usage afin de les transformer en matériaux de qualité ou d’utilité supérieure ».
Un nouveau fil à partir des fausses lisières
Ici, les déchets sont les « fausses lisières, des rebuts de production issus de l’utilisation des métiers à lances qui ont remplacé les métiers à navette ». « A l’origine les allers-retours successifs de la navette permettaient d’avoir un fil continu, et donc d’avoir des lisières finies faisant partie de l’étoffe. Dans la technologie des métiers à lances, le fil n’effectue plus un aller-retour dans le tissu mais est lancé et coupé à chaque passage de trame. On obtient alors des bordures frangées qui sont ensuite coupées et jetées : ce sont autant de déchets liés à la production. Un mètre linéaire de tissu produit dès lors deux mètres de déchets », détaille Antoine Vaesken, responsable R & D qui a planché sur le sujet avec l’objectif « d’arriver à industrialiser la fabrication de ce nouveau fil ».
La mise au point de ce procédé innovant, qui a bénéficié du financement de R3ilab, un réseau destiné aux professionnels du textile, a donc donné naissance à un nouveau tissu « très haut de gamme, à la fois brut et sophistiqué ».
Des applications dans le domaine de l’ameublement ou de la mode
« Ce tissu peut trouver des applications dans le domaine de l’ameublement ou de la mode pour des manteaux par exemple. » Les élèves d’Esmod Paris ont d’ailleurs planché sur des prototypes… Et avec près de 40 tonnes de lisières chaque année, le gisement est énorme pour LTC, qui affichait en 2017 un chiffre d'affaires de 11,5 millions d'euros avec 70 salariés ; et qui avance par ailleurs sur son projet d’extension (+ 1.000 m²). « Ce sont les opérateurs qui écrivent le projet », explique Eric Boël qui espère lancer les travaux d’ici six mois.
Cet article a été publié dans le numéro 2336 de Bref Eco.