La réindustrialisation, c’est maintenant !
À l’occasion de la présentation de son magazine hors-série intitulé « Le nouveau souffle de l’industrie » (Collection Les Champions), Bref Eco a organisé jeudi 8 juillet, en partenariat avec le Campus Région du numérique qui accueillait la manifestation, une table ronde consacrée à la réindustrialisation. Un moment d’échanges suivi d’une visite de L’Usine, nouveau lieu symbole d’innovation, ouvert à toutes les entreprises de la région Auvergne-Rhône-Alpes, sur le Campus de Charbonnières.
L’industrie n’est plus tabou. Elle est même revenue au centre des débats. La crise sanitaire et économique de la Covid a pointé son importance pour la souveraineté nationale, rappelé son rôle central dans l’aménagement des territoires, les équilibres sociaux et les exportations.
La Matinale du 8 juillet nous a permis de présenter trois cas d’école. Marie-Hélène Gramatikoff est revenue sur la création (2015) et les premières années de la société Lactips qu’elle dirige. Issue de la découverte d’une technologie développée par un laboratoire de l’Université de Saint-Etienne (un bio-plastique issu de la caséine de lait, bio-dégradable), Lactips a connu les différentes étapes du développement d’une start-up industrielle. Recherche de capitaux, constitution des équipes (60 salariés à ce jour), passage d’un procédé de laboratoire à un process industriel, démonstration de l’efficacité de la technologie auprès des transformateurs de matières plastiques, etc. L’heure est aujourd’hui à la construction d’une usine de 2 500 m2 à Saint-Paul-en-Jarez (Loire) qui produira les granulés de bio-plastique. L’inauguration est prévue à la fin de l’année.
Julian Dykiert, directeur général de Chamatex Group, prépare également le lancement d’un nouveau site industriel en Ardèche (ouverture prévue en septembre). Un site révolutionnaire dans lequel seront fabriquées des chaussures de sport telles qu’elles sont produites aujourd’hui en Asie. La nouvelle société, ASF 4.0, regroupe des grands noms : Salomon, Babolat, Millet, Siemens, Zebra… Et elle sera amenée à « faire des petits » dans d’autres régions du globe, dans une logique nouvelle : flexibilité maximum, proximité des marchés et limitation des rejets de CO2 issus des transports. ASF 4.0 emploiera une cinquantaine de personnes.
Quant à Béatrice Schmidt, Pdg de l’équipementier EFI Automotive (Beynost/Ain), elle est à la tête d’une entreprise de taille intermédiaire (1 700 salariés) en pleine révolution. Une quasi-rupture générée par un marché automobile en pleine mutation, appelé à passer en quelques années du tout moteur thermique au moteur électrique. Pour un fabricant de capteurs et d’actionneurs comme l’est EFI Automotive, les conséquences sont majeures. Pour soutenir sa politique d’innovation, la société a créé son propre accélérateur de start-up (Axandus). « Axandus est devenu stratégique : il est en contact étroit avec une centaine de jeunes entreprises innovantes que nous pouvons accompagner dans certaines phases de développement », explique Béatrice Schmidt. Stratégique aussi, cette fabrication qui avait été prévue sur le site turc d’EFI. Ce ne sera pas le cas. En s’appuyant sur des aides publiques, la société a décidé de relocaliser cette production de capteurs pour moteurs électriques à Beynost, sur une ligne 4.0. Avec quelques dizaines d’emplois créés à la clé. La réindustrialisation n’est plus un rêve.
Didier Durand
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