Mobilité, immobilier, énergie : la smart city en débat
A l’occasion de la sortie de son hors-série sur la smart city, Bref Eco organisait ce jeudi matin un débat au sein du laboratoire d’expérimentation de Lyon Parc Auto (LPA). Mobilité, immobilier et énergie étaient au cœur des échanges entre Louis Pelaez, Pdg de Lyon Parc Auto, de Didier Caudard-Breille, dirigeant fondateur du promoteur immobilier lyonnais DCB International, et de Christian Missirian, directeur régional EDF Commerce Auvergne-Rhône-Alpes, le tout orchestré par Didier Durand, rédacteur en chef de Bref Eco.
Quoi de mieux pour parler smart city que de se réunir dans les locaux d’un spécialiste de la mobilité urbaine ? En effet, Lyon Parc Auto n’est pas uniquement un gestionnaire de parcs de stationnement. La Sem, qui fêtera bientôt ses 50 ans, multiplie les initiatives innovantes. « Lorsque Gérard Collomb m’a proposé de prendre les commandes de LPA, il s’agissait de réveiller une belle endormie et de travailler sur les nouvelles mobilités donc de réfléchir à la ville de demain », se souvient Louis Pelaez. Pour lui, difficile d'être certain de savoir ce que recouvre exactement la ville intelligente. « La ville a toujours essayé de répondre aux besoins des habitants. La différence aujourd’hui, ce sont les moyens technologiques », fait-il remarquer. « La notion d’intelligence est relative, note quant à lui Christian Missirian. Il y a 3 000 ans, les habitants de Babylone, de Tyr, de Jérusalem… devaient se dire que leur ville était intelligente. On assiste juste à la prolongation de ce que l’on a toujours fait. Avec une constante : la volonté d’améliorer les conditions de vie », estime-t-il.
Depuis 2017, l’autopartage ne perd plus d’argent
Et Louis Pelaez de donner des exemples concrets : « A côté de cette technologie, ce qui m’intéresse, c'est l’humain. C’est dans cette optique que nous avons développé les services d’autopartage Citiz (en boucle) et Yeah ! (en free floating). Et depuis 2017, l’autopartage ne perd plus d’argent. Lyon est ainsi la première ville dans laquelle l’autopartage fonctionne sans subvention et trouve son équilibre financier », se félicite celui qui est aussi conseiller municipal. « L’idée est de privilégier l’usage à la possession de la voiture. Et cela fonctionne. Nous avons ajouté récemment 50 véhicules Yeah ! Et ce ne sera peut-être pas suffisant. Nous ne vivons cependant pas que des succès. Nous expérimentons de nombreuses choses avec le risque d’échec qui va avec. La location de scooters électriques par exemple, n’a pas fonctionné. En revanche, avec LPA&CO, un dispositif qui permet aux automobilistes de se garer dans des parkings privés inutilisés, il y a un grand potentiel. En quelques mois, nous avons pu inclure 900 places dans notre appli tandis que 280 personnes se sont déjà abonnées ! »
Encore des efforts sur la consommation des bâtiments
Du point de vue du promoteur, Didier Caudard-Breille estime que le principe de base de la smart city, « c’est le bien-être au travail ». Et c’est pour lui un challenge : « Ces quinze dernières années, on a divisé la consommation énergétique des bâtiments par deux mais cela ne suffira pas vis-à-vis des nécessités environnementales. Il faudra remettre des pulls et vivre à 19 °C. Idem pour la climatisation. Aux Etats-Unis ou en Asie du Sud-Est, l’utilisation de la climatisation est aberrante. Il ne faut surtout pas faire comme eux. Nous devons plutôt être un modèle, réfléchir à des solutions alternatives et modifier nos comportements ! »
L'éclairage des rues est à repenser
La smart city impacte donc indéniablement les métiers de nos débatteurs. Naturellement, chez EDF, on travaille beaucoup sur la mobilité électrique : « Nous souhaitons qu’EDF soit le premier fournisseur d’électricité verte pour les véhicules », explique Christian Missirian. « Concrètement, nous déployons les points de recharge sur la Métropole mais à côté, nous réfléchissons beaucoup. Et notamment au jour où ces véhicules, qui sont foncièrement des batteries qui se déplacent, seront émetteurs d’énergie ! ». EDF travaille aussi sur la répartition de l’électricité photovoltaïque produite en toiture entre les différents bâtiments d’un quartier. Mais aussi sur l’éclairage de la ville. « Tout a initialement été conçu pour les voitures. Il faut inverser la logique et rendre l’éclairage modulable », insiste Christian Missirian.
Peut-être que demain, les parkings n’hébergeront plus de voitures
Du côté de Lyon Parc Auto, le métier va changer également, c’est certain, mais comment ? « On ne sait pas » répond Louis Pelaez. « Il faut donc que l’on adapte nos parkings pour qu’ils soient évolutifs. Peut-être que demain, ils n’hébergeront plus de voitures. Ce qui est sûr, c’est que la ville ayant été densifiée à l'horizontale et à la verticale, il reste le sous-sol à exploiter et que sur ce point, notre savoir-faire est un avantage. »
Pour Louis Pelaez, il faut à la fois prendre le temps de réfléchir à ces nouveaux métiers, ces nouveaux usages mais aussi se laisser bousculer par les start-up et toutes leurs idées. « On a besoin d’expérimenter ! » Le tout avec du recul et un nécessaire équilibre. Car nos trois intervenants se montrent soucieux de maintenir l’humain au cœur des attentions, la technologie n’étant pas une finalité. La technologie n’étant pas non plus réservée à une partie de la population. « Attention à ne pas concentrer les services en hypercentre ! », conclut le directeur régional d’EDF commerce.
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