"Des nouvelles boulangeries Marie Blachère ? Il s’en ouvre chaque jour". Au service développement des boulangeries du groupe Blachère, on n’est pas peu fier. L’enseigne née en 2004 lève comme une bonne pâte à côté d’un bon feu, et ne retombe pas. Et le groupe recrute à tour de bras pour ses nouvelles boutiques. Une simple recherche sur Google suffit pour s’en convaincre. 60 offres d’emploi ici, 25 là, à Laragne (05), Digne (04) Chambéry (73), Carcassonne (11) Saint-Mémmie (51), Vitrolles (13), Ormoy (91) ou Pertuis (84)… D’origine provençale, le groupe est surtout présent dans le grand Sud, mais il s’installe progressivement aussi dans le Centre, l’Ouest et le Nord.
Avec quelque 150 boutiques en propre, qui emploient suivant les sites de huit à 12 salariés, le groupe dirigé par Bernard Blachère est devenu en sept ans un poids lourd du secteur. Et il reste en quête permanente de nouvelles surfaces de ventes de 200 m2 minimum avec au moins 20 places de parking à usage exclusif, ou de parcelles à partir de 1 000 m2.
Avec un positionnement marketing assez voisin de ses grands concurrents, Paul ou Riberou, mais avec un accent mis sur la baguette traditionnelle, l’enseigne joue sur la proximité, l’accessibilité et une qualité "artisanale" indiscutable. D’abord dénommée les Boulangeries de Marie - mais le nom était déjà pris - la chaîne a été rebaptisée Boulangerie Marie Blachère du nom de la fille du fondateur, devenue en 2011 directrice générale de la filiale boulangerie du groupe (Boulangeries BG).
Avant cette activité boulangère, le groupe était déjà important dans la distribution de Fruits et légumes. Après l’ouverture d’un premier magasin à l’enseigne Provenc’halles en 1985, il s’est développée également sous deux autres marques. Bladis d’abord, qui distribue des fruits & légumes et de la boucherie au sein des grandes surfaces ED (Dia), et plus récemment Mangeons Frais. En 2008, le groupe affichait 120 magasins aux trois enseignes en Paca et dans les deux régions limitrophes, Languedoc-Roussillon et Rhône-Alpes. Ils sont desservis par la plateforme logistique du groupe, Provence Vivarais : 11 000 m2 couverts en froid ventilé.
La stratégie de développement du fondateur passe par des alliances avec d’autres distributeurs, au sein de GIE. Pour la boucherie, Provenc’halles a été associé un temps avec le groupe Despi (La Talaudière, 42) et il l’est souvent avec Carnivor (Toulon). Pour ses Boulangeries Marie Blachère, une alliance a d’abord été conçue avec un concurrent rhônalpin, Grand frais (Groupe Prosol, Chaponay, 69), spécialiste lui aussi des fruits et légumes.
Restent les chiffres. Les différentes sociétés du groupe ne déposent plus leurs bilans depuis 2005 et, quand on appelle la direction, on n’obtient qu’une réponse : "On ne parle pas à la presse." Une défiance qui frise l’obsession selon un ancien responsable du développement passé à la concurrence. Les derniers bilans 2005 non consolidés des sociétés les plus importantes annonçaient 124 millions d'euros de chiffre d’affaires pour Bladis (effectif : 334), 26,25 millions d'euros pour Les Halles Bernard Blachère (effectif : 120) et déjà 1,339 million d'euros (effectif : 31) pour les boulangeries, bénéficiaires dès la première année. Au doigt mouillé, un bon connaisseur de la maison, mais qui veut demeurer discret, évalue aujourd’hui le chiffre d’affaires global entre 250 et 300 millions d'euros, pour un effectif estimé entre 1 500 et 2 000 salariés. On n’en saura pas plus.
Jacques Gelin
Sud Infos n° 787 du 04/06/2012