L'usine Bouyer Leroux de Mably produit 162 000 tonnes de briques par an, à partir de la glaise de la carrière exploitée sur place
A.R.
Depuis 2014, Roannais Agglomération s'est inscrite dans les démarches Territoire à énergie positive (TEPOS) et Territoire à énergie positive pour la croissance verte (TEPCV). Dans ce cadre, elle a établi un programme d’actions et projette un taux de couverture de 50 % de ses besoins énergétiques grâce aux énergies renouvelables en 2050. Les initiatives publiques et privées se multiplient.
Roannais Agglomération a lancé la chasse au carbone et s'est équipée pour cela d'une entité ad hoc : la Sem Roannaise des Énergies Renouvelables. Après avoir équipé dix bâtiments en panneaux solaires, Roannais Agglomération a mis en exploitation, via la Sem, une centrale photovoltaïque au sol en janvier 2021. Sur sept hectares, ses 16 500 panneaux produisent en moyenne 6 GWh par an, soit la consommation de 2 700 habitants. Un projet éolien est aussi en cours sur la commune des Noës. Les premières machines seront installées fin 2023. Les six éoliennes produiront 42 GWh par an, soit la consommation de 19 000 habitants.
Photovoltaïque, éolien, biogaz et peut-être géothermie
Parallèlement, Roannais Agglomération se lance dans la production de gaz via un méthaniseur concédé à un groupement mené par Suez. Un équipement à 20 millions d’euros qui sera mis en service en octobre 2023 et permettra de produire 2 millions de m3 de gaz (soit la consommation de 4 500 habitants) grâce aux boues de la station d’épuration contiguë et à des biodéchets de l’industrie agroalimentaire.
Enfin, le président de l’agglomération Yves Nicolin caresse l’espoir d’exploiter une faille géologique sur la côte roannaise pour atteindre une source d’eau chaude et installer une station de géothermie. « Mais il faut creuser sur 2 à 3 000 mètres et un trou coûte de 2 à 3 millions d'euros. Il nous faut donc encore pousser les études avant de nous lancer », avance prudemment l’élu.
Une solution pour la brique, une industrie parmi les plus énergivores
Le privé n'est pas en reste. À Mably, près de Roanne, la briqueterie Bouyer Leroux s’apprête par exemple à faire sa révolution énergétique. Il faut dire que cette activité est extrêmement énergivore : une fois formée en brique, la glaise extraite de la carrière (sur place) est séchée pendant quatre heures à 130 °C et cuite pendant vingt heures à 900 °C ! L’usine a déjà optimisé ses installations par le passé. Elle est reliée à un centre technique d’enfouissement pour récupérer du biogaz alimentant son four et s’est dotée d’une centrale de cogénération gaz pour produire de la chaleur et de l’électricité. Mais tout cela se révèle aujourd’hui insuffisant, même en comptant le récent relamping led.
Une usine à sciure pour abaisser définitivement la facture carbone
Elle va prochainement installer une ombrière photovoltaïque pour couvrir ses besoins en électricité. Mais surtout, elle compte réduire sa dépendance au gaz. Depuis six mois, elle ajoute 2 % de déchets de tournesol à la terre crue. Ces déchets entrent en combustion à faible température, ce qui permet de cuire les briques de l’intérieur et de réduire la consommation de gaz. Mais la vraie révolution est pour 2024 lorsque Bouyer Leroux utilisera de la sciure pour chauffer son four, en la plaçant directement à l’intérieur. « Cette sciure pourra venir dans un premier temps de l’industrie du bois mais nous cherchons plutôt un biocombustible pertinent, sans conflit d’usage », commente Sébastien Elissalde, directeur énergie et environnement de cette société coopérative (sept usines, 550 personnes dont 45 à Mably). L’idée est d’acheter des déchets et de fabriquer directement de la sciure dans un bâtiment désaffecté du site de Mably. Le projet d’usine à sciure nécessite 4,7 millions d’euros d’investissement (dont 2,2 M€ de subvention France Relance) sans compter le dispositif de récupération de chaleur sur le four pour sécher la sciure (gérée par NewHeat, qui va investir 2,5 millions d’euros). Lorsque tout sera en place, la production aura été décarbonée à plus de 85 % !
Cet article a été publié dans le numéro 2517 de Bref Eco.