Cette fois, c’est fait ! Après dix-sept ans d’absence, le Lyon Olympique Universitaire rejoint l’élite du rugby national. L’exploit sportif a été fêté comme il se doit. Mais les dirigeants ont déjà la tête ailleurs : ils savent bien qu’une première saison au sommet est semée d’embûches. Et qu’à la joie de la consécration succèdent souvent les épreuves d’un contexte sportif de très haut niveau auxquelles se rajoute la recherche d’un nouvel équilibre financier(1). Les dirigeants ? Des hommes connus dans le monde régional des affaires, qui savent de quoi ils parlent lorsqu’il s’agit de gestion, de croissance… ou de difficultés.
Les trois principaux actionnaires de la holding Pyramide 15, qui coiffe la SASP LOU Rugby, se nomment Olivier Ginon, patron du groupe GL events (52 %) ; Guy Mathiolon, dirigeant de Serfim (28 %), contraint de se retirer des dernières élections consulaires après avoir été président de la CCI de Lyon ; et Yvan Patet, fondateur d’EM2C, un constructeur immobilier qui, après une irrésistible ascension, se remet lentement de la crise qui l’a décimé. “Certes, notre accession au Top 14 est une victoire. Mais l’objectif, c’est de pérenniser notre position dans l’élite. Nous jouerons probablement le maintien pendant deux ans, avant d’être plus ambitieux”, explique le président Patet.
Sur le plan sportif, deux chantiers sont en cours. D’une part, le recrutement de joueurs : un tiers de l’effectif sera renouvelé. “Dans ce domaine, notre tâche est facilitée par l’attraction de l’agglomération lyonnaise que n’ont pas forcément des petites villes de quelques dizaines de milliers d’habitants. Pour la famille qui les accompagne, pour les possibilités de reconversion plus tard, Lyon est une ville qui intéresse les joueurs”. D’autre part, la construction d’un stade modulaire de 8 000 places (contre 4 600 jusqu’à présent), 32 loges et 2 000 m2 de village, qui sera édifié sur l’actuel terrain d’entraînement. L’équipement sera transitoire, le temps que l’Olympique Lyonnais rejoigne son futur Stade des Lumières (y parviendra-t-il ?) et lâche ainsi Gerland… prêt à accueillir le LOU. “Pour nous, la jauge idéale, c’est 17 à 20 000 places”. Ce stade provisoire, qui représente un investissement global de 9 millions d’euros, devrait être opérationnel début octobre.
Sur le plan financier, suivi de près par les autorités du rugby, le challenge est tout aussi relevé. Le budget du club, qui restera parmi les plus modestes du Top 14, devrait atteindre 13 millions d’euros (contre 8,2 millions d'euros en 2010-11) dont plus de la moitié est attendue des sponsors. La billetterie (3 millions d'euros), les droits TV (1,7 million d'euros), le merchandising et l’apport des collectivités complèteront le tout. Une augmentation de capital est d’ores et déjà prévue. Avec la confiance du vainqueur mais le réalisme de l’expérience, Yvan Patet et son équipe s’apprêtent à vivre une aventure d’une autre dimension. Ironie de l’histoire : le club lyonnais n’aura pas à affronter, la saison prochaine, le CS Bourgoin-Jallieu qui, rétrogradé en Pro D2, fait le chemin inverse. Passation de pouvoir ?
Didier Durand
(1) L’équipe de foot de Grenoble, dernière de Ligue 2 une saison après avoir connu l’honneur de la Ligue 1, en fait l’amère expérience. Toujours en foot, la surprenante équipe d’Evian-Thonon-Gaillard, qui devrait monter en Ligue 1, va faire face au même challenge que le LOU.
Bref Rhône-Alpes n° 2036 du 18/05/2011
Photo : ©Elizabeth Ruhl. Joueurs et dirigeants ont fêté, chez Bocuse, l'accession du LOU au Top 14. Gérard Collomb, maire de Lyon, s'est joint au groupe.