En France, pays qui exploite le plus grand domaine skiable au monde, seuls 13 % de la population se déclarent skieurs.
D.D.
La saison d’hiver vient de se terminer et on attend les résultats de fréquentation sans trop d’inquiétude.
Depuis des années, le ski fait pourtant figure d’activité en péril : changement climatique, coût des forfaits et de l’hébergement, concurrence des destinations low cost, faiblesse des écoles de neige, vieillissement de la clientèle… Mais ne serait-on pas en train de jouer à se faire peur ? Le consultant Laurent Vanat n’est pas loin de le penser : « Non, le ski n’est pas mort », dit-il, gentiment provocateur. Son 11e Rapport international sur le tourisme de neige et de montagne est même formel : « L’hiver 2017-2018 a été la quatrième meilleure saison du nouveau millénaire ».
Des situations sont très variables selon les pays
Selon le panorama de Laurent Vanat, qui couvre 2.000 stations dans 67 pays, les deux dernières saisons se sont plutôt bien passées : au niveau mondial, le nombre de journées-skieurs a augmenté de 4 %, puis de 5 %, succédant à trois années de baisse. Bien sûr, les situations sont très variables selon les pays. Et les évolutions ne sont pas linéaires. Ainsi, les nouveaux riches russes, qu’on avait vu arriver à grand bruit au début des années 2000 dans quelques stations françaises, ont opéré un retrait vers Sotchi ou la Géorgie. La Corée du Sud, quant à elle, n’a profité d’aucun effet post-JO et voit la fréquentation de ses stations baisser, alors que le Japon, qui avait perdu la moitié de son activité ski dans les années 1990, fermetures de stations à la clé, a bien du mal à redresser la situation.
On parle aussi beaucoup de la Chine, désormais troisième pays en nombre de skieurs, où l’on construit à tour de bras : 39 nouvelles stations ont ouvert en un an et 258 sont prévues entre 2018 et 2022 ! Mais il y a encore beaucoup à faire : les 742 stations actuelles comptent… 630 remontées mécaniques. Faites le compte. Et les skieurs ne sont sur les pistes, en moyenne, qu’un seul jour par an ! Là-bas, le ski n’est qu’une sortie récréative, comme une journée à Walibi chez nous. Aux Etats-Unis, malgré un marché en baisse, les forfaits atteignent des tarifs records : le prix moyen à la journée s’affiche à 122 dollars, avec des sommets à 200 dollars !
Peu de skieurs en France
Avec 53,8 millions de journées-skieurs en 2017-2018 (*), la France est toujours sur le podium mondial, se disputant d’une année sur l’autre les premières places avec l’Autriche et les Etats-Unis (la Suisse est loin derrière, avec 24 millions de journées-skieurs). Mature, le marché hexagonal est facilement perturbé par une météo défavorable… ou des dates de vacances scolaires mal placées. Il présente par ailleurs de vraies particularités : résidences de tourisme à foison et peu d’hôtels (d’où beaucoup de volets clos), délégations de gestion des remontées mécaniques… Et une réalité : dans le pays qui exploite le plus grand domaine skiable au monde, seuls 13 % de la population se déclarent skieurs, pas davantage qu’en Pologne, contre 35 % en Suisse ou en Autriche. Pas la peine d’aller bien loin pour trouver de nouveaux adeptes de glisse et de montagne.
(*) Soit + 5,6 %, après quatre années de baisse. Sur une décennie, les deux meilleures années (2008 2009 et 2012 2013) ont culminé à 58 millions de journées-skieurs.
Cet article a été publié dans le numéro 2369 de Bref Eco.