Selon Sophie Jullian, les concours i-lab permettent aux start-up lauréates d'affirmer que leur technologie est réellement différenciante avec un potentiel de clients intéressant.
La présidente de Pulsalys et son équipe ont mis en place des outils pour faciliter le transfert de technologie depuis les laboratoires publics et ainsi valoriser leurs innovations. La Satt (société d’accélération du transfert de technologies) exerce ainsi ses missions sur le site Lyon Saint-Étienne. Sur 17 projets sélectionnés, 10 ont été présentés au concours national d’innovation i-Lab 2020‑2021 et sept start -up ont été lauréates. Une stratégie qui enrichit la culture entrepreneuriale locale.
Bref Eco : Comment la Satt Pulsalys aborde-t-elle les concours d’innovation proposés par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Mesri) ?
Sophie Jullian : Les concours i-Lab ont plus de 23 ans d’existence. J’en ai présidé le jury pendant cinq ans. i-Nov est là pour booster le financement de l’innovation ; i-PhD est à destination des doctorants universitaires. Ces dispositifs ont été mis en place par le Mesri pour développer la culture entrepreneuriale et accompagner la création d’entreprises deeptech. Chez Pulsalys, nous considérons que ces concours sont un excellent entraînement pour les équipes des start-up, car celles-ci doivent bâtir un dossier sain et compréhensible qui leur servira dans le futur pour séduire des financeurs, qu’elles soient lauréates ou non.
Bref Eco : Comment sélectionnez-vous et préparez-vous les start-up ?
Sophie Jullian : Ces concours, avec des financements importants à la clé - jusqu’à 600.000 euros par projet - sont ouverts aux start-up que nous accompagnons en incubation et passées par différents programmes, comme Pouss@Lys par exemple. Elles doivent présenter un caractère deeptech validé et exister depuis moins de deux ans. Pour préparer les concours, les start-up sélectionnées suivent le programme Objectif i-Lab, de septembre à février, en accord avec le calendrier national du Mesri, pour affiner leur présentation, leur positionnement marché, leur posture de manager… Des ateliers collectifs et individuels, avec des entraînements à pitcher et pour la préparation de la vidéo de cinq minutes, permettent de monter un dossier solide. Sachant que, souvent, elles présentent le concours plusieurs fois avant d’être lauréates.
Ces concours académiques attirent des fonds d’investissement et des talents sur nos territoires et dans nos jeunes entreprises
Bref Eco : Que retirent-elles de ces mois de préparation ?
Sophie Jullian : On leur rappelle les bases : écrire la proposition de valeur de leur innovation issue de la recherche publique, se questionner sur leur marché et leurs futurs clients. Parfois, dans la deeptech, les chercheurs ont oublié ces notions de base. Pulsalys considère que ce temps passé sur le dossier de préparation des concours est un investissement de la start-up pour la suite de son parcours et le développement de l’entreprise. Elle sort mieux préparée pour défendre ses innovations et son business plan auprès d’autres partenaires.
Bref Eco : Quel est l’impact de ces concours sur l’accès au marché pour les start-up ?
Sophie Jullian : Je ne sais pas si ces concours académiques parlent vraiment aux industriels. Mais ils attirent des fonds d’investissement et des talents sur nos territoires et dans nos jeunes entreprises. Même s’il n’a pas un impact direct sur l’accès au marché, ce label de notoriété affirme que la technologie présentée est réellement différenciante avec un potentiel de clients intéressant. C’est un atout pour l’équipe dirigeante et un rendez-vous important pour le secteur de la deeptech, en France et en Auvergne-Rhône-Alpes. Six start-up accompagnées par Pulsalys ont été retenues sur les 69 lauréates i-Lab en 2020‑2021 et une start-up i-Nov sur 131 lauréats.
BIO EXPRESS
1983 : Ingénieure chimie de CPE Lyon
1986 : Docteure en chimie de l’université Pierre et Marie Curie (Paris VI)
2007 : Vice-présidente recherche et innovation du pôle Axelera
2010 : Directrice scientifique à IFP Energies nouvelles
2013 : Déléguée régionale recherche et innovation (Mesri) en Rhône-Alpes
Depuis 2017 : Présidente de Pulsalys
Cet article a été publié dans le numéro 2465 de Bref Eco.