Iveta Radicova, coordinatrice du corridor méditerranéen à la Commission Européenne, lors de l'Assemblé Générale de la Transalpine, à la Cité Internationale de Lyon, le 28 juin
JFB
En l’absence d’un engagement de la France sur le financement des voies d’accès à l’ouvrage transfrontalier, les budgets européens, en attente, risquent de s’envoler vers d’autres horizons.
Le Comité pour la Transalpine a choisi l’opportunité des Connectif Europe Dais, organisés dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union Européenne, à Lyon du 28 au 30 juin, pour organiser son Assemblée Générale. Il pouvait s’attendre à une prise de position franche de l’État français sur le dossier des voies d’accès, côté français, au tunnel transfrontalier. Mais, compte tenu du calendrier politique, il n'y en a rien été.
Le tunnel livré en 2030-2032
Seul ministre français présent aux Connectif Europe Days, Christophe Béchut, ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur et de la ministre de la cohésion des Territoires, n'avait pas mission de s'exprimer sur le sujet. Le Comité pour la Transalpine doit donc se résoudre à attendre. Encore. Pourtant en fin d’année dernière, à Chambéry, puis après une consultation menée par le préfet de Région, le ministre de l’époque Jean-Baptiste Djebbari avait promis une réponse au cours du premier trimestre. Elle n’est jamais venue.
Pour la Transalpine, le choix est clair : « nous sommes favorables au tracé Grand Gabarit, le seul qui soit susceptible d’être suffisamment attractif pour attirer les compagnies ferroviaires et garantir le report modal », assure Jacques Gounon, son président. L’enjeu est d’importance alors qu’à ce jour, le consortium Telt, en charge de la construction du tunnel, assure être dans les temps pour livrer l’ouvrage « vers 2030-2032 », selon son nouveau président Daniel Bursaux. De leur côté, les Italiens affirment même être en mesure de réaliser les voies d’accès concomitamment.
Décision urgente
Il faut dire que les voies d'accès au tunnel transfrontalier, côté français, sont d'un coût bien plus important. Elles s'étirent sur environ 140 kilomètres contre 40 kilomètres côté italien, soit près de 8 milliards d’euros en France (avec la réalisation du Contournement Ferroviaire de l’Est Lyonnais), contre moins de 2 milliards d’euros pour l’Italie.
Mais Iveta Radicova, la coordinatrice slovaque du corridor méditerranéen auprès de la Commission Européenne, dans lequel s’inscrit le Lyon-Turin, et farouche défenseuse du projet dans sa globalité, l’a rappelé : « sans engagement de l’État français avant la fin de cette année, l’aide européenne n’existera plus ». Une sorte d’ultimatum. L’aide communautaire est prévue à hauteur de plus de 50 %, autant côté italien que côté français, dans le cadre de nouvelles infrastructures.
Josiane Beaud, cheffe de la Délégation Intergouvernementale, assure quant à elle avoir alerté Élisabeth Borne qui dispose d’une véritable expertise en matière de transports, sur l'urgence d'une décision.