La douzième édition du Forum Eurafric, qui s’est tenue du 21 au 23 novembre 2012 à Lyon, est venue confirmer le sentiment porté depuis quelques années par les observateurs d’un continent dont François Hollande disait, à Dakar, qu’il est “l’avenir économique du monde”.
Exemple parmi d’autres : de cette mosaïque de pays et de cultures qu’est l’Afrique, Serge Miltcheff a fait un pivot du développement de sa société Diffuselec (Ambérieuxd’Azergues). En moins de deux ans, l’entreprise rhodanienne a réalisé deux centrales photovoltaïques au Mali, installé 7 000 têtes d’éclairage public au Gabon, électrifié 17 villages au Sénégal, équipé une unité de conservation de lait en énergie solaire en Côte d’Ivoire… soit quelques 20 millions d’euros de chiffre d’affaires. A chaque fois, il s’appuie sur une joint-venture locale. Car “les Africains doivent être les acteurs de leur développement”.
Pour les responsables politiques africains de passage à Lyon, l’heure est aux technopoles, incubateurs et autres pépinières. Exemple à Bamako (Mali) où le projet Africa Sun Valley prend forme. Ce site de formation et d’innovation, porté par ADEA (Lyon) et suivi par le bureau d’études CDI (pdg : Guy Cholley ; Villeurbanne) et l’architecte François Noël (Paris), doit stimuler la création d’entreprises africaines et les transferts de savoir-faire dans les domaines de l’eau et des énergies renouvelables.
Proche de l’aéroport, il se déploiera sur 5 hectares, pour un investissement global de 32 millions d’euros que la BOAD (Banque ouest africaine de développement) se dit prête à financer… quand le calme sera revenu dans le pays. En attendant, le concept a séduit les dirigeants de la République démocratique du Congo qui se verraient bien implanter une telle structure à Brazzaville.
Le pôle de compétitivité Tenerrdis (Grenoble) a, quant à lui, des projets en Tunisie, autour de l’idée d’un “village innovant” doté d’une gestion “intelligente” de l’énergie. Pierre Juliet, son directeur, explique : “L’idée est que des entreprises se regroupent pour faire des offres énergétiques globales à l’international. Mais au-delà de cette recherche de débouchés, nous voulons promouvoir le développement économique africain pour un meilleur équilibre nord-sud, un codéveloppement reposant sur des innovations gérées par les entreprises locales”. En clair, ne pas tomber dans une démarche néo-colonialiste.
Au cours des derniers mois, le réseau des CCI de Rhône-Alpes a organisé deux voyages d’affaires en Côte d’Ivoire, à l’attention de PME régionales. Et, les 12 et 13 novembre, la ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq se rendait à Nairobi (Kenya), à la tête d’une délégation d’entreprises. Alors, l’Afrique sans plus attendre ? L’enthousiasme s’étend (les besoins d’équipement en énergies et en eau sont considérables, autant de marchés potentiels) sans pour autant tomber dans la naïveté (instabilités politiques, prudence nécessaire sur les financements). Mais une chose est sûre : le continent noir, qui semble enfin émerger économiquement, a soif de croissance et devrait constituer un partenaire commercial de premier plan, à deux pas de l’Europe.
Didier Durand
Photo : ©Photoromano-Fotolia.com
Bref Rhône-Alpes n° 2098 du 28/11/2012
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