La nouvelle dirigeante, Sophie Salager, a travaillé auparavant pour la Manufacture de Sèvres, le Château de Versailles ou Christie’s.
Richard Damoret
Créée à la veille de la Révolution française, la manufacture de porcelaine de Couleuvre, témoin des arts décoratifs depuis plus de 230 ans, reprend son nom et le cours de sa riche histoire. Après avoir failli disparaître en 2020, elle a été rachetée en octobre 2021 par l’historienne de l’art Sophie Salager, qui insuffle une vraie renaissance, entre respect du patrimoine historique et modernité.
Reconnue pour ses deux spécialités rares, le travail du relief et la porcelaine teintée dans la masse, Couleuvre peut s’appuyer sur le talent et l’expérience de ses sept salariés, tous réembauchés. « Nous avons recruté trois personnes en plus et un ou deux postes sont encore à pourvoir en 2022 », précise Sophie Salager qui a investi près d’un million d’euros pour cette reprise, avec la participation de Terre & Fils Investissement, société d’investissement à impact créée par Jean-Sébastien Decaux.
Développement des gammes et des marchés
Après la réfection des deux lignes de production, un studio de création a été ouvert, notamment autour de la technologie d’images 3D. La nouvelle équipe n’en oublie pas pour autant la tradition et le savoir-faire manuel, précieusement transmis depuis le XVIIIe siècle. La nouvelle gamme, lancée en juin, se compose aux trois quarts de rééditions de pièces iconiques, comme la collection « Les Perles » datant de 1930, mais aussi de pièces contemporaines d’artistes invités en résidence.
Objectif : 10.000 pièces la première année
Des objets d’art de la table, qui ont aussi fait le succès de la manufacture, seront en vente exclusive dans le magasin d’usine qui vient d’ouvrir. Pour cette première année, 10.000 pièces (250 références) seront fabriquées à Couleuvre. L’équipe vise le double pour 2023 et un développement dans la création de petit mobilier et luminaires. Pour atteindre ce niveau de production, l’achat d’un four à température homogène de cuisson est indispensable. Ces 120.000 euros d’investissement seront soutenus par des fonds européens. « Notre marché grand public doit s’élargir avec le lancement de la vente en ligne et l’ouverture d’une boutique parisienne à la fin de l’année. Nous allons aussi continuer à développer le travail sur-mesure pour des maisons de luxe, avec une orientation possible sur les marchés du Moyen-Orient et des États-Unis », annonce Sophie Salager.
Cet article a été publié dans le numéro 2501 de Bref Eco.