Le spécialiste du recyclage et de la purification de produits chimiques Speichim Processing, installé sur le parc industriel de la Plaine de l’Ain, vient d’inaugurer de nouveaux équipements d’un montant de 26 millions d’euros permettant d’aller encore plus loin dans le recyclage de déchets industriels.

Au sein du groupe Séché Environnement, spécialisé dans la gestion des déchets, la filiale Speichim Processing s’occupe de recycler les solvants industriels usagés dans des colonnes de distillation permettant de séparer les éléments (en jouant sur les différents points d’ébullition) pour récupérer lesdits solvants. Ceux-ci sont ensuite revendus, soit aux clients qui ont généré les déchets initiaux (ce qui est le cas de plus en plus souvent), soit à d’autres industriels, pour être réutilisés. Avantage : le prix du solvant recyclé est moins cher que celui du solvant vierge et son impact carbone est abaissé de 80 % ! Ce procédé permet également de purifier des mélanges complexes. Et depuis quelques années, Speichim fait aussi de la synthèse organique : il s’agit de produire des molécules de valeur à partir de déchets via des réactions chimiques, des filtrations et des essorages.

Speichim Processing est implantée à Saint-Vulbas, au sein du parc industriel de la Plaine de l’Ain, depuis 1989. L’entreprise y dispose de son siège et d’un site de production pour un total de 70 personnes. Elle vient d’inaugurer un ensemble d’équipements qui a nécessité un investissement de 26 millions d’euros, subventionné par France Relance à hauteur de 2,2 millions d’euros. « Cet investissement nous permet de renforcer nos capacités de traitement, de R&D et de mettre en service un démonstrateur », explique Laurent Carmona, directeur. Concrètement, l'entreprise a installé une troisième unité de distillation. La première unité date de 1989 et permet de traiter les solvants. La deuxième, apparue en 1999, est utilisée pour purifier des produits organiques. La nouvelle unité est polyvalente. Deux colonnes ont d’ores et déjà été montées mais l’entreprise dispose des autorisations pour en installer quatre. « Nous aviserons en fonction du marché, confie Laurent Carmona, mais nous savons que nous pourrons augmenter nos capacités de 20.000 à 40.000 tonnes annuelles ». Le gisement est colossal puisque seulement 30 % des solvants seraient recyclés actuellement.

La troisième unité de distillation de Speichim est polyvalente. Elle permet de régénérer des solvants ou de purifier des produits organiques.

Un démonstrateur pour un process qui permettrait de rapatrier une usine en France

L’investissement comprend également un nouveau centre de R&D ainsi qu’un démonstrateur mettant en œuvre un nouveau procédé, élaboré notamment dans les locaux de la plateforme AxelOne, que Speichim serait la seule au monde à proposer. Conçu en concertation avec « un grand chimiste français », cet outil permet de transformer des acides carboxiliques de déchets industriels en aldéhyde et en cétone réutilisables dans les process. Actuellement, ces déchets proviennent d’Inde et les produits qui en sont issus retourneront en Inde. Mais si le démonstrateur donne satisfaction et si l’homologation est obtenue, l’idée pour le client est de rapatrier sa production en France. « Avec cette initiative, on accompagne vraiment la relocalisation des activités industrielles et la transition écologique, circulaire et bas carbone de nos clients », avance Laurent Carmona qui a embauché 10 personnes pour assurer le fonctionnement des nouvelles installations et qui prévoit d’en recruter encore dix autres.

Le démonstrateur industriel monté par Speichim permet de transformer des acides carboxiliques de déchets industriels en aldéhyde et en cétone réutilisables dans les process.