Poursuivant son désendettement, Casino a récemment vendu son siège stéphanois pour 101,3 millions d’euros.
Saint-Etienne doit-elle s’inquiéter de l’ébullition actuelle autour de Casino ? La partie de poker menteur à laquelle se sont livrés son patron, Jean-Charles Naouri, et le Pdg de Carrefour, Alexandre Bompard, d’ailleurs né à Saint-Etienne, après leur entrevue du 12 septembre qui aurait dû rester secrète, soulève beaucoup d’interrogations.
Ce n’est pas la première fois que Casino suscite des convoitises. Des rumeurs avaient déjà fait état de l’intérêt de Walmart ou d’Amazon pour l’épicier stéphanois. Les prétendants, y compris Carrefour, pourraient être intéressés par certaines pépites de la galaxie Casino comme les magasins urbains de Monoprix ou le spécialiste du commerce en ligne Cdiscount.
Les causes de ces spéculations, avivées par des fonds spéculatifs et autres analystes financiers, sont connues : une dette élevée ; l’âge et la succession du capitaine Naouri qui ne laisse filtrer aucune information sur son avenir personnel ; et surtout la profonde mutation du secteur face à la concurrence digitale et l’essoufflement des hypermarchés. Jean-Charles Naouri a d’ailleurs évoqué la fermeture ou la vente d’une vingtaine d’entre eux sur les cent dix du groupe.
Liens forts avec Saint-Etienne
Le rachat éventuel de Casino serait-il de nature à ébranler l’économie stéphanoise ? Sans doute. Le distributeur reste le plus gros employeur privé de l’agglomération. Il fait travailler de nombreuses PME locales, agroalimentaires notamment. Sa reprise par un autre distributeur aurait donc inévitablement des conséquences sur les effectifs de son siège administratif… même si elle n’aurait pas les conséquences qu’ont générées par le passé l’effondrement des houillères, la crise sidérurgique et textile, ainsi que le retrait de Giat Industries (aujourd’hui Nexter). Saint-Etienne peut en effet compter aujourd’hui sur une densité plus forte de PME et de quelques ETI comme SNF ou Thuasne.
Casino demeure un gros investisseur sur le territoire
Les Stéphanois seraient-ils prêts à se mobiliser pour défendre le maintien de Casino à Saint-Etienne comme ils l’avaient fait en 1997 lors de l’OPA ratée de Promodès sur leur champion ? Depuis l’arrivée de Jean-Charles Naouri aux commandes, les liens avec le distributeur sont moins affectifs qu’avec la famille Guichard, quand bien même Casino investit toujours sur le territoire : l’un des siens est président du conseil de développement de Saint-Etienne Métropole ; Cdiscount vient d’annoncer la création d’une nouvelle plateforme logistique près de Saint-Etienne ; et Casino est un fidèle mécène de La Comédie et du Musée d’art moderne.
Mais en cette année où l’on fête le cent vingtième anniversaire de l’ouverture de la première succursale par la famille Guichard-Perrachon à Veauche, les nuages qui obscurcissent l’horizon du distributeur sont de nature à perturber un écosystème en convalescence. Qui n’a pas besoin de ça.
Cet article a été publié dans le numéro 2343 de Bref Eco.