Présidente de la Maison Giraudet, Marie-Laure Reynaud est la marraine des Trophées des Femmes de l'Economie Chamonix 2012. Et donne un conseil à toutes ses filleules potentielles : "Osez !"
Mince, élancée, souple comme une lame de rapière dont le fouet dessinerait l’arabesque élégante d’une botte de Nevers : Marie-Laure Reynaud n’attend pas la fin de l’envoi, elle touche. Sportive d’excellent niveau, adepte de ski, d’équitation, d’aviation, de rallye-raid, de plongée et de maintes disciplines qui requièrent des fondamentaux solides et un certain courage, la patronne de la Maison Giraudet fait mouche à tous coups avec une franchise prolixe et un sourire désarmant qui cache un tempérament de fer. Marie-Laure Reynaud n’esquive pas. Elle n’en profite pas non plus pour mouliner en déplaçant de l’air : elle entend tirer juste et sans fioritures, le temps de préciser, avec honnêteté et clarté (et la voix, juvénile, d’une jeune femme de bonne éducation) les repères de sa vie de chef d’entreprise.
Au premier regard, la grenobloise Marie-Laure Reynaud pourrait sembler être née avec une cuiller de vermeil dans la bouche : famille d’entrepreneurs, diplôme d’une école supérieure de commerce, MBA et stage aux Etats-Unis, passage en marketing-économie dans un grand groupe de services informatiques, épouse et belle-fille de dirigeants d’entreprise, cooptée à la direction générale (1993) puis à la présidence (1997) de la Maison Giraudet, cette filiale du groupe familial Teisseire qui l’a reprise à la barre du tribunal de commerce, en 1986.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, être "née" n’est pas forcément un avantage : il faut acquérir une légitimité que l’ascendance héréditaire, si elle facilite certaines choses, n’accorde pas de prime abord. A fortiori quand on est femme, même si cette réalité ne l’a jamais préoccupée et, pour elle, "n’a jamais été un handicap ou un désavantage". "Construite ailleurs, en dehors de la famille", sa personnalité de dirigeante a trouvé de quoi employer son énergie, d’abord à remettre sur pied une entreprise emblématique mais qui battait de l’aile, ensuite à redéfinir une stratégie en étroite osmose avec les valeurs familiales.
Laissée totalement libre de faire ("On m’a donné le titre officiel. J’avoue que j’aurais mal vécu le contraire"), Marie-Laure Reynaud a pu s’épanouir, se projeter dans l’avenir, tout en fédérant (son charisme ?) et les équipes internes sur les projets, et les partenaires (clients, banquiers, prestataires) à l’extérieur. "Il faut aussi ne pas avoir peur de l’échec, savoir prendre du recul, faire preuve d’enthousiasme personnel et communicatif, ne pas oublier la valeur travail", souligne la dirigeante avec l’intention "de donner envie et rendre certaines choses" à celles qui souhaitent prendre des responsabilités dans le monde de l’entrepreneuriat. "Etre femme est même un avantage", insiste Marie-Laure Reynaud qui s’avoue assez éclectique dans le choix de ses hobbies, en soulignant avec humour : "On est moins nombreuses". Je leur dis : "Gérer, organiser, planifier, vous le faites dans la vie de tous les jours, vous êtes entraînées. Alors osez, faites vous confiance !"
Entreprise familiale bressane, la Maison Giraudet a fêtée son centième anniversaire à l’automne 2010. Fabricant de quenelles, sauces et soupes, la société a réorienté son activité vers les produits frais (98 % de la production), dont les deux-tiers en direction de la grande distribution. Giraudet a réalisé 7,9 millions d'euros de chiffre d’affaires en 2011, et vise 8,5 millions en 2012. L’entreprise emploie 45 personnes. Elle dispose aussi d’un réseau de six boutiques : trois à Paris, deux à Lyon et une à Bourg-en-Bresse.
Laurent Guigon
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