A l'instar du partenariat avec Charlatte, Navya veut vendre sa technologie à des industriels.
Face à un marché de la navette autonome « encore en expérimentation », le constructeur lyonnais Navya revoit ses objectifs à la baisse et surtout, change de modèle économique en devenant fournisseur de sa technologie, abandonnant la production réalisée à Vénissieux.
C'est un nouveau coup dur pour Navya, le constructeur lyonnais de véhicules autonomes. Après l'annonce de la fin de l'expérimentation de sa navette sur le site de La Défense à Paris, Navya vient de publier un chiffre d'affaires semestriel 2019 en retrait de 32 %, à 6,1 millions d'euros avec 18 véhicules vendus (134 véhicules vendus à ce jour depuis fin 2017). Le constructeur a réagi et présenté ses « nouvelles orientations stratégiques » par la voix de son nouveau président du directoire Etienne Hermite qui a remplacé le fondateur Christophe Sapet en mars dernier.
Vente de la technologie à des tiers
Face à un marché de la navette autonome qu'il considère encore au « stade de l'expérimentation pour les 24 prochains mois avant un décollage lié au retrait de l’opérateur de sécurité », Navya engage une transition de son modèle économique. Alors qu'il était totalement intégré - « Navya a intégré toute la chaîne de valeur, du logiciel au montage des véhicules, ce qui nous permet d’être très réactifs, » indiquait avec fierté Christophe Sapet à l'occasion de la sortie d'usine de son 100e véhicule - Navya a décidé de se recentrer sur la vente de sa technologie (composée du logiciel Navya Drive et de l'architecture de capteurs Navya) à des industriels tiers, à l’image de l’Autonom Tract développé avec Charlatte pour le transport de bagages dans les zones aéroportuaires. « Nous espérons déployer la technologie Navya sur une ou deux plateformes tierces en 2020 », ambitionne Etienne Hermite.
Navya continuera à produire pour assurer les commandes
Une nouvelle orientation qui va notamment lui permettre de réduire ses coûts de commercialisation et de marketing. Pendant cette période transitoire, « Navya continuera à produire pour assurer les commandes », promet Etienne Hermitte qui ne s'est pas prononcé sur les effets sur l'emploi pour l'usine de Vénissieux où sont fabriquées les navettes.
Face à ce changement de cap, Navya revient sur ses objectifs de chiffre d'affaires qui prévoyaient d'atteindre les 30 millions d'euros en 2020.
Par ailleurs, Navya entend poursuivre le développement de partenariats technologiques, industriels, de distribution et de support à l'instar de celui noué avec le sud-coréen Esmo Corporation, fabricant de faisceaux de câbles pour véhicules électriques visant à adresser le marché en Asie du Nord-Est.
Plusieurs sources de financement
Concomitamment à cet accord, Navya a convenu d’un placement privé sous forme d’Obligations Remboursables en Numéraire et/ou Actions Nouvelles et/ou Existantes (ORNANE) entièrement souscrites par Esmo Corporation, pour un montant de 20 millions d'euros. Et l'entreprise vient de débloquer la première tranche du financement conclu avec la Banque Européenne d’Investissement pour un montant de 15 millions d'euros.