Dans les wafers, c'est l'inquiétude des salariés du bassin grenoblois qui se reflète...
STM
Le groupe franco-italien STMicroelectronics a décidé d’un premier paquet de mesures en réponse à la baisse sensible de son volume d’activité et à la dégradation de ses résultats financiers. La suppression de postes a été annoncée au travers d’informations distillées avec parcimonie auprès de l’agence de presse américaine Bloomberg. Plusieurs milliers d’emplois seraient en suspens dans le bassin grenoblois.
Pas à pas, depuis les premiers signes de dégradation de son activité dès le début de l’exercice 2023, le groupe STMicroelectronics préparait le terrain à l’officialisation probable ces prochains jours de suppression de postes en France et en Italie. On ne parle ni de dizaines, ni de centaines mais bien de milliers d’emplois et deux sites en France seraient particulièrement touchés : Crolles et Grenoble dans lesquelles travaillent aujourd’hui près de 7.500 personnes sur les 11.000 personnes employées en France.
Baisse généralisée des revenus
Jean-Marc Chéry, président du directoire et directeur général aux côtés de Lorenzo Grandi, président et directeur financier, avait déjà, lors de la présentation des résultats du 4e trimestre 2024, planté le décor : « Nous avons continué de voir une demande finale stable dans l’automobile, une absence d’augmentation significative dans l’électronique personnelle et une nouvelle détérioration dans l’industriel ». Traduction en langage courant : rien ne va plus. Si l’on regarde chacune des BU, les revenus issus de la branche Industrie ont baissé en 2024 de 49 %, ceux de l’Automobile de 14 %, ceux des Equipements personnels de 11 % et enfin ceux des Equipements de communications et des périphériques d’ordinateurs, de 2 %.
Des économies en centaines de millions de dollars
Le groupe a pris une claque avec un chiffre d’affaires qui est passé de 17,29 milliards de dollars en 2023 à 13,27 milliards de dollars en 2024. STMicroelectronics a très vite annoncé plusieurs mesures alors que les perspectives pour le début 2025 sont tout aussi difficiles. « Plus particulièrement, peut-on lire dans un communiqué de l’entreprise, en termes de charges d'exploitation (frais commerciaux, généraux et administratifs et de R & D), ST prévoit des économies de coûts annuelles totales de 300 millions à 360 millions de dollars à la fin 2027, par rapport à la base de coûts de 2024 ».
Le prochain CSE pour acter les suppressions de postes
Le fait d’avoir entrouvert la porte des suppressions de postes au travers de l'agence spécialisée Bloomberg News est avant tout un message aux marchés financiers et les « indiscrétions » ont préparé le terrain avant l'annonce des chiffres exacts. Selon Bloomberg, c’est au moins 6 % des effectifs globaux qui seront impactés, soit pour les sites italiens et français, un volume de 3.000 personnes. Le CSE programmé ce mardi 11 février, pourrait apporter des précisions sur les établissements concernés, sur les modalités de réduction des effectifs et sur le calendrier.
Grenoble exclue de l'ère du carbure de silicium ?
Mais alors que les coupes dans les RH se préparent, STMicroelectronics avance sur sa stratégie industrielle avec en particulier des arbitrages quant à l’avenir de la technologie carbure de silicium. Si le groupe est engagé avec Soitec afin d’optimiser ce support de conductibilité, son avenir industriel pourrait se jouer ailleurs que sur le bassin grenoblois. C’est à Catane, en Italie, que l’augmentation des capacités de production en carbure de silicium vers le 200 mm, se fera. C’est là qu’un programme d’investissement de 5 milliards d’euros est engagé pour créer le « Catania Silicon Carbide Campus ». C’est ici comme à Singapour, à Shenzhen en Chine, à Bouskoura au Maroc, à Norrköping en Suède que STMicroelectronics prépare l’ère du carbure de silicium.