La région Auvergne-Rhône-Alpes concentre 80 % des acteurs nationaux de la filière hydrogène comme Atawey avec ses stations de recharge.
Le plan hydrogène a été dévoilé en détail ce mardi 8 septembre par le gouvernement. À la clé, 7 milliards d'euros investis d'ici 2030 pour atteindre une capacité de production d'hydrogène décarboné par électrolyse de 6,5 GW d'ici à 2030.
Sur les 100 milliards d'euros consacrés à la transition énergétique prévus dans le plan de relance de l'État, 7 milliards d'euros seront donc dédiés au développement d'une filière d’hydrogène décarboné. C'est ce qu'ont annoncé ce mardi 8 septembre Bruno Lemaire, ministre de l'Économie, et Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique.
Ce montant sera investi selon trois priorités : la décarbonation de l’industrie pour contribuer à la neutralité carbone en 2050 ; le développement des mobilités lourdes à l’hydrogène ; la recherche et la formation. « L’enjeu de cette stratégie est de favoriser un passage rapide à l’échelle industrielle pour permettre une baisse significative des coûts de production », ont indiqué les deux ministres.
Faire émerger des gigafactory d'électrolyseurs
Sur la période 2020-2023, ce sont 3,4 milliards d'euros qui seront alloués dont plus de la moitié pour la décarbonation de l'industrie (54 %). Dès 2021, le gouvernement va travailler sur la construction d’un Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC/IPCEI) sur l’hydrogène, à l’instar du projet européen sur les batteries. Il s’agit notamment de faire émerger en France des projets de « gigafactory » d’électrolyseurs, selon un schéma similaire au plan batterie.
Des « Hub territoriaux d’hydrogène »
Très rapidement, des appels à projets (AAP) seront lancés. L'Ademe va lancer l'appel à projets « Hub territoriaux d’hydrogène » doté de 275 M€ jusqu'en 2023 pour le déploiement, par des consortiums réunissant des collectivités et des fournisseurs industriels, d’écosystèmes territoriaux de grande envergure pour favoriser des économies d’échelle. Un programme qui ressemble à Zéro Émission Valley, première initiative européenne de déploiement de la mobilité hydrogène à l’échelle d’une région (Auvergne Rhône-Alpes) qui prévoit l’installation de vingt stations alimentées en hydrogène vert et le déploiement de 1 200 véhicules hydrogènes pour les professionnels, d’ici 2023.
Améliorer les systèmes de production
Un autre appel à projets concerne les « Briques technologiques et démonstrateurs ». Doté de 350 M€ jusqu’en 2023, il vise à développer ou améliorer les composants et systèmes liés à la production et au transport d’hydrogène, et à ses usages (transport, énergie). Il pourra également soutenir des projets de démonstrateurs permettant à la filière de développer des solutions et de structurer la filière.
Enfin, un programme prioritaire de recherche (PPR) « Applications de l’hydrogène » opéré par l’ANR sera lancé d'ici la fin de l'année, afin de préparer la future génération des technologies de l’hydrogène (piles, réservoirs, matériaux, électrolyseurs…).
Michelin est convaincu que la mobilité hydrogène sera une des composantes essentielles de la mobilité propre
Dans la région Auvergne Rhône-Alpes, qui concentre 80 % des acteurs nationaux de la filière hydrogène (CEA Grenoble, Atawey, Air Liquide, McPhy, Ergosup, Sylfen, Symbio…), plusieurs industriels ont salué ce plan ambitieux : « L’annonce de ce plan est une étape très importante pour le développement d’une filière hydrogène française d’excellence. Michelin est convaincu que la mobilité hydrogène sera une des composantes essentielles de la mobilité propre, complémentaire à la batterie électrique », a ainsi commenté Florent Ménégaux, son président.
Michelin et Faurecia ont déjà investi 140 millions d'euros dans leur coentreprise Symbio pour donner naissance au leader mondial de systèmes de piles à hydrogène, avec un chiffre d’affaires attendu d’environ 1,5 milliard d’euros d’ici 2030. Le futur site industriel européen de Symbio sera situé à proximité de Lyon et permettra la création de centaines d’emplois.
Vicat, futur producteur d'hydrogène ?
De son côté, le cimentier Vicat a également salué le plan, étant lui-même impliqué dans de nombreux projets de production d'hydrogène. Avec d'autres industriels et le CEA, l'industriel est sur le point de lancer la société Genvia qui vise la mise en œuvre industrielle de la technologie d’électrolyse haute température et réversible SOE (solid oxide electrolyzer) du CEA. Il s’agit d’une technologie de rupture qui peut offrir un moyen de production unique et efficace d’hydrogène vert par électrolyse de l’eau, utilisant de l’électricité renouvelable et de la chaleur fatale industrielle. Un démonstrateur industriel, valorisant la chaleur fatale d’un four cimentier, sera installé sur l’un des sites Vicat en France.
Par ailleurs, dans le cadre d’un consortium mené par Hynamics (EDF), Vicat travaille sur un projet de décarbonation de l’industrie cimentière mettant en œuvre de l’hydrogène vert. L’objectif du projet HyNoVi est de réduire à grande échelle l’empreinte carbone de la cimenterie Vicat de Montalieu, qui constitue la plus grande capacité de production du groupe.
* L’hydrogène est aujourd’hui largement produit à partir d’énergies fossiles (charbon, gaz naturel, pétrole…). Mais il peut également être produit par électrolyse de l’eau, à partir d’électricité décarbonée ou renouvelable. L’hydrogène est alors dit « décarboné » car ni sa production ni son utilisation n’émettent de CO2.