Laurent et Renaud Caillat, président et directeur général de la Manufacture d'Histoire Deux-Ponts.
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La Manufacture d’Histoires Deux-Ponts, imprimerie spécialisée dans les ouvrages de luxe, prévoit pour 2020 une forte baisse d’activité qui ne la mettra cependant pas en péril. Elle a profité du creux d’activité pour mettre en place de nouveaux produits et de nouvelles initiatives.
L’imprimerie de Bresson, née en 1935 et labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant depuis 2012, a subi, comme beaucoup, une chute des nouvelles commandes dès le début mars. « Le chiffre d’affaires a baissé de 60 % en avril et de 40 % en mai » confie Laurent Caillat, codirigeant de la maison. « Pour le mois de juin, on ne sait pas encore car nous n’avons jamais beaucoup de visibilité. Mais nous anticipons une perte de chiffre d’affaires de 30 % sur l’année » estime-t-il avant de préciser : « Nous pourrons tenir, nous avons des réserves ».
Les mesures classiques ont été prises dès le début par les dirigeants : télétravail pour les emplois tertaires (20 %), distribution de gel, masques, gants, visières dans les ateliers, prise de RTT et de congés, avant que n’intervienne du chômage partiel, « en maintenant les salaires à 100 % » détaille Laurent Caillat. Chômage partiel qui évolue régulièrement en fonction de la charge de travail.
Des masques fabriqués avec les machines à « couture Singer »
En attendant le retour de jours meilleurs, la famille Caillat a pris un certain nombre d’initiatives. Elle a d’abord donné 500 litres d’alcool aux hôpitaux de la région, cet alcool étant utilisé ordinairement à l’imprimerie dans le système de mouillage des presses. Elle a lancé un appel au Made In France pour enjoindre les entreprises locales à se faire travailler entre elles (appel peu entendu, regrette Laurent Caillat).
Elle également confectionné ses propres masques pendant quelques jours ! Un entrepreneur a donné un peu de tissu à l’imprimerie qui a pu utiliser ses machines à coudre pour en faire des protections « Nous avons des machines pour la « couture Singer » utilisée pour coudre les pages au lieu de les agrafer » révèle Laurent Caillat. Durant le confinement, la Manufacture d’Histoires Deux-Ponts a également achevé la procédure de labellisation RSE « Print’Ethic »... qu’elle a obtenue.
Un vernis qui réduit le risque de contamination par des germes
Enfin, l’imprimerie a décidé d’intégrer à son catalogue un nouveau vernis, mis au point par un laboratoire allemand, qui abaisserait, pour les lecteurs des imprimés ainsi recouverts, la probabilité d’être infecté par le Covid-19 et tout autre germe. « Il y a déjà peu de risques d’être infecté de cette manière mais le vernis les réduit encore en empêchant les germes de se déposer sur les surfaces » explique Laurent Caillat. « Nous avons été les premiers en France à le proposer et nous recevons déjà beaucoup de demandes, notamment de la part de chefs étoilés pour leurs menus. »
Les chefs étoilés, la grande hôtellerie et plus généralement les acteurs du luxe constituent la clientèle traditionnelle de la Manufacture d’Histoires Deux-Ponts. « Le marché de l’imprimerie a tendance à baisser mais les éditions à forte valeur ajoutée sont en progression, en France comme à l’étranger » conclut l’entrepreneur qui réalise 20 % de son chiffre d’affaires à l’export.