Xavier Hugon, directeur général d'Aledia, est passé par Thomson, Atmel, puis a créé une start-up avant de rejoindre le Leti.
30 millions d’euros ! C’est le montant de la levée de fonds que vient de réaliser la start-up grenobloise Aledia auprès des partenaires qui l’accompagnent depuis sa création en 2011.
Parmi eux, quelques grands noms donnant une idée de l’engouement porté à la technologie de rupture développée par la jeune pousse : les capital-risqueurs Braemar Energy Venture, Sofinnova Partners et Supernova Invest (CEA/Amundi), Demeter, Ecotechnologies (Bpifrance) mais aussi… le groupe Ikea et un « petit » nouveau nommé Intel ! Précisons que ce tour de table est le troisième réalisé par Aledia : le premier s’élevait à 12 millions d’euros (2012), le deuxième à 25 millions (2015). Faites le compte.
Rappelons également qu’en 2017, la moyenne des levées de fonds des start-up de la French Tech est d’environ 4 millions d’euros par opération. Spin-off du CEA-Leti, Aledia fait incontestablement partie des champions en devenir.
Une solution disruptive
L’intérêt qui se focalise sur Aledia concerne sa technologie de Leds 3D, laquelle annonce une nouvelle révolution dans les écrans des smartphones, tablettes, montres connectées, lunettes et autres casques de réalité virtuelle. Reposant sur un substrat de silicium, les nano-fils de nitrate de galium de ces Leds nouvelle génération apportent une lumière très supérieure aux éclairages actuels : les écrans sont trois à cinq fois plus brillants et donc beaucoup plus lisibles, même en plein soleil. Les Leds 3D apportent, en outre, une qualité de couleurs incomparable, une meilleure efficacité énergétique et, surtout, un prix de fabrication jusqu’à cinq fois inférieur. Les majors américains et asiatiques de la téléphonie mobile y sont plus qu’attentifs.
Marché potentiel gigantesque
Xavier Hugon, directeur général d’Aledia, est passé par Thomson, Atmel, puis a créé une start-up avant de rejoindre le département optronique du Leti. C’est en cherchant des partenaires pour développer les Leds 3D qu’il a rencontré Giorgio Anania : un docteur en physique nucléaire partageant sa vie entre les Etats-Unis, la France et l’Italie, et à l’origine de la création de Bookham (devenu Oclaro) hissé au rang de leader mondial des composants optiques.
La notoriété internationale de Giorgio Anania, devenu Pdg d’Aledia, aura été décisive pour attirer les opérateurs financiers. « C’est le genre de projets qui ne peut pas aboutir avec quelques millions d’euros. Il en faut des dizaines, rapidement, pour avoir des chances de gagner la course. Car les marchés envisagés, mondiaux et grand public se chiffrent en dizaines de milliards d’euros », affirme Giorgio Anania.
L’industrie, une priorité ?
Aledia emploie 70 ingénieurs et chercheurs installés sur le campus du CEA Grenoble. Dotée d’ateliers, de salles blanches et d’une ligne de production pilote, l’équipe aura encore besoin d’au moins deux ans pour passer au stade industriel. Il sera alors temps d’envisager la création d’un site de production dont on peut espérer l’installation dans l’Hexagone. Mais, comme l’explique Xavier Hugon : « Nous aurons alors besoin des pouvoirs publics pour nous aider à monter ce programme industriel. » On verra alors si l’industrie fait (enfin) partie des priorités politiques de la France.
Cet article a été publié dans le numéro 2317 de Bref Eco.