Le vélo Angell mise beaucoup sur l’électronique.
Via sa structure de financement Seb Alliance, le groupe lyonnais d'envergure mondiale a investi dans une nouvelle activité prometteuse : le vélo électrique. Et pas n'importe lequel.
Il y a une dizaine d’années, le Groupe Seb (34.000 collaborateurs, 42 sites industriels et 31 marques) créait Seb Alliance, une structure de financement destinée à entrer au capital de jeunes entreprises, dans le but de constituer un observatoire de nouvelles technologies qui pourraient, un jour ou l’autre, intégrer sa gamme ou élargir son offre. C’est ainsi que Seb Alliance dispose aujourd’hui d’une quinzaine de participations en France, aux Etats-Unis ou en Israël (lire note ci-dessous). Le groupe s’est invité, par exemple, chez la société grenobloise Ethera dont il a intégré la technologie de destruction des formaldéhydes dans ses purificateurs d’air.
De la friteuse au vélo
Angell Bike, la start-up lancée par Marc Simoncini (fondateur de Meetic) dans les vélos assistance électrique, est le dernier coup d’éclat de Seb Alliance qui en détiendra 10 % du capital. C’est à Is-sur-Tille (Côte-d’Or) que Seb fabriquera ces bicyclettes : sur les 200 personnes de ce site qui regroupe une usine et un centre de développement, une quarantaine sera dédiée à l’assemblage des vélos Angell, dans un atelier qui aura demandé quelques dizaines de milliers d’euros en aménagements divers. « En 2006, le site avait déjà opéré une mutation en passant de la production de friteuses traditionnelles à celle de friteuses sans huile Actifry, qui avait fait évoluer une partie des processus. La fabrication de vélos est une nouvelle transition. Mais elle repose sur un vrai savoir-faire des équipes : achats, approvisionnement, ordonnancement, assemblage », explique Hugues Oger, vice-président chargé des opérations industrielles du groupe. 10.000 vélos doivent sortir de l’usine d’ici la fin de l’année, avant de monter à 2.000 unités par mois en 2021, répondant à un marché très prometteur.
De l'électronique embarquée
Outre son élégant design, l’intérêt d’Angell repose sur une électronique embarquée sophistiquée : écran GPS affichant aussi la météo ou vos calories consommées, vibreurs de poignées guidant la conduite, système antivol sonore, appel automatique en cas de chute grave, etc. Les matières (alliage alu) et le procédé d’assemblage, un « pari » sur lequel Seb reste très discret, font aussi partie des secrets de fabrication permettant un gain de poids important : Angell pèse moins de 13 kg quand certains modèles de vélos à assistance électrique montent à 24 kg ! Avec des batteries, bien sûr, importées de Chine.
« Notre logique industrielle, c’est de fabriquer des produits haut de gamme dans les pays industrialisés où nous sommes implantés, et des produits d’entrée de gamme dans les pays à bas coûts », poursuit Hugues Oger. Proposé à près de 2.700 euros, Angell illustre le propos. Le produit trouvera aussi chez Seb, présent dans 150 pays, un excellent support commercial. Dans un premier temps, ce sont les pays européens qui sont visés, à travers de la vente directe mais aussi en passant par le réseau Fnac-Darty que connaît bien le groupe d’électroménager. L’alliance n’est pas si bizarre qu’elle en a l’air. Après tout, « la mission du groupe, c’est de faciliter le quotidien des consommateurs ». Ce qui laisse un peu de marge ! D’ici à ce que Seb se lance dans la voiture électrique…
Quelques participations industrielles de Seb Alliance
Alkemics (big data), Another Brain (intelligence artificielle), Feeligreen (patchs cosmétiques et thérapeutiques), SeniorAdom (téléassistance), Lumi (domotique), RobArt (robotique), Memtech (filtration), Click and Grow (potagers d’intérieur), Glovo (livraisons à domicile), etc. Sans parler des partenariats signés avec des fonds d’investissements d’innovation.
Cet article a été publié dans le numéro 2414 de Bref Eco.