Christophe Cadot et Benjamin Cohen, les cofondateurs de Y-Brush.
À l’occasion de la 20e édition des Trophées Bref Eco de l’Innovation qui se déroulera le 1er décembre prochain, nous vous proposons de (re)découvrir vingt lauréats emblématiques récompensés ces deux dernières décennies.
Huit ans après sa création, la start-up Y-Brush vient de passer sous le contrôle du groupe français Biotech Dental qui va lui permettre de rebondir et changer de dimension. L’aventure continue donc pour la jeune entreprise lyonnaise placée en redressement judiciaire il y a quelques mois.
La brosse à dents électrique créée par Y-Brush avait suscité bien des débats au sein de notre jury en 2018. Il y avait les « pour », il y avait les « contre ». Y-Brush n’était pas une brosse à dents de plus. L’innovation de rupture concernait d’abord son usage. « Les études montrent que 90 % des gens ne se brossent pas les dents assez longtemps. Or, en vingt secondes avec Y-Brush, les dents sont plus propres qu’en deux minutes avec une brosse manuelle ou électrique », nous expliquait-on alors.
Plusieurs innovations techniques brevetées venaient conforter l’argument : une forme radicalement différente (en Y) qui épouse la totalité de la mâchoire, simplifiant considérablement le geste en traitant toutes les dents en même temps ; et 35 000 fibres de nylon implantées dans la tête de la brosse, animées par des vibrations soniques. Bref, une façon d’améliorer sensiblement l’hygiène dentaire quotidienne et son confort.
Changement de stratégie commerciale et made in France
Après avoir visé, dans un premier temps, le marché des professionnels (Ehpad, hôpitaux…), Y-Brush a rapidement été proposée à la vente au grand public : d’une part via un site internet bilingue complété depuis par Amazon, d’autre part dans des enseignes de grande distribution. La société annonçait avoir vendu 20 000 brosses en 2020 puis 61 000 l’année suivante… mais elle ne communique plus de chiffres depuis. C’est que la bataille marketing et commerciale, menée face à des géants comme Philips ou Oral-B, est féroce.
Parallèlement, les dirigeants d’Y-Brush, Benjamin Cohen et Christophe Cadot, prenaient une autre décision stratégique : la fabrication de leur produit dans un atelier d’assemblage lyonnais (Caluire) aménagé sur 1 500 m². De quoi communiquer sur un « made in France » alors en vogue, embauches à l’appui.
Trou d’air aux États-Unis
C’est alors qu’une mauvaise nouvelle est arrivée au printemps 2025. Le marché américain, qui promettait d’atteindre la moitié des ventes d’Y-Brush, s’est effondré brutalement. « La consommation aux États-Unis a plongé et nous en avons immédiatement ressenti les effets », explique Benjamin Cohen. Incapable de faire face à ce retournement de conjoncture, avec un besoin en fonds de roulement important, la société s’est alors adressée au tribunal de commerce qui l’a placée en redressement judiciaire.
Un rachat en forme de relance
Le rachat d’Y-Brush par Biotech Dental, qui vient d’être entériné, permet donc à l’histoire de se poursuivre sous d’autres auspices et avec des moyens plus solides. Biotech Dental est un groupe français basé à Salon-de-Provence qui emploie plus d’un millier de collaborateurs et réalise plus de 200 millions de chiffre d’affaires. Il fabrique des implants et des prothèses dentaires sur mesure, ainsi que des aligneurs (de dents) invisibles. Il commercialise aussi des logiciels.
Biotech Dental va créer une division dédiée à la conception de solutions bucco-dentaires pour le grand public, qui sera dirigée par Benjamin Cohen. Christophe Cadot, lui, a quitté l’aventure pour se mettre à son compte. L’équipe d’Y-Brush, fortement réduite ces dernières années (7 personnes aujourd’hui), est entièrement reconduite. Et pour l’instant, l’implantation lyonnaise reste en place même si, dans l’avenir, une « intégration des sites » est envisagée.
Dates et chiffres
2017 : création de Y-Brush à Lyon
2018 : Trophée Bref Eco de l’Innovation, catégorie « Produits grand public »
2019-2022 : trois levées de fonds pour un total de 6 M€ (Bpifrance, investisseurs individuels et business angels)
2022 : lancement d’un site de fabrication à Caluire
2023 : 25 salariés
2025 : 200 000 utilisateurs de brosses à dents Y-Brush (40 % en France ; 40 % aux États-unis)
2025 : des ventes réalisées majoritairement par e-commerce
2025 : reprise par le groupe Biotech Dental (Salon-de-Provence ; une usine à Scionzier/Haute-Savoie)
