Le patron de Floriot (Bourg-en-Bresse) veut mener son entreprise, qu’il a reprise en 2007, vers les sommets. Une ambition à la mesure de ce sportif fonceur.
Une paire de chaussures pour le footing posée près du porte-manteau : pas le genre d’objet habituel dans un bureau de Pdg. Dans celui de Thierry Gloriès, si ! “Je les chausse trois fois dans la semaine pour aller me vider la tête pendant quarante minutes”, confie l’intéressé. A la pause méridienne, le boss de Floriot enfile short et maillot, et part en grandes foulées autour d’un plan d’eau au sud d’Ekinox, la salle événementielle construite par sa société.
A 52 ans, l’ancien compétiteur sur 400 mètres continue de soigner son physique d’athlète filiforme, le regard fixé à son chrono. Pour rester dans la course des affaires ? Pour être devant surtout ! L’ambitieux entrepreneur du bâtiment vient d’acquérir deux sociétés lyonnaises, Artefact et Puzzle, conformément à sa stratégie de croissance externe (lire Bref du 27 mars). “Dans l’économie aujourd’hui, ce ne sont pas les plus riches qui rachètent les plus pauvres, mais les plus rapides qui s’emparent des plus lents !” Une affirmation qui sonne comme un proverbe.
Depuis qu’il a quitté le salariat en 2007 pour prendre les commandes et la propriété de Floriot, Thierry Gloriès renvoie l’image d’un patron pressé de réussir. Au moment de son rachat, le n° 1 burgien du bâtiment totalisait 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. “Cela a pu sembler prétentieux de prendre possession d’une entreprise de cette taille, dit-il, mais à 44 ans et avec mon expérience, je ne me voyais pas à la tête d’une très petite société”.
Cadre dirigeant chez Vinci, il manageait alors une direction régionale pesant 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. En sept ans, pendant que la profession en général buvait le bouillon d’une crise sans précédent, Thierry Gloriès a doublé le chiffre d’affaires de son entreprise et hissé Floriot à la 39ème place au palmarès national du BTP. Il s’enorgueillit même d’être leader en Rhône-Alpes, devant des concurrents lyonnais dont il ne partage pas le côté “club fermé”.
Sa réussite ne lui fait pas pour autant perdre le sens des réalités. Quand il se rend déjeuner chez Flunch après son footing, monsieur le Pdg observe les employés, les ouvriers, “pour prendre la température”. Il sait que certains se serrent la ceinture “car depuis le passage à l’euro, le coût de la vie s’est renchéri”. Le patron de Floriot connaît d’ailleurs le prix du kilogramme de tomates ou celui de la baguette, en faisant d’autres courses… à l’hypermarché.
Son allure de playboy, portant chic et beau, son goût pour les berlines, trahissent une origine sociale très modeste dans le Tarn. Thierry Gloriès ne l’a pas oubliée. Cadet d’une fratrie “soudée” de trois garçons - “mon jeune frère est manutentionnaire et mon frère aîné employé dans l’industrie pharmaceutique” -, il a grandi sous l’autorité d’une mère devenue veuve très tôt : “J’avais 6 ans”. Il a connu les petits boulots avant et pendant ses études. “A tel point que mon épouse dit que je suis gavroche dans l’âme”. Après le bac, un BTS, il est entré au Conservatoire National des Arts et Métiers pour devenir ingénieur par la formation continue. Ce parcours de “self made man”, a forgé son tempérament de battant, courageux et têtu ; “tout ce que j’ai eu jusqu’à présent, je me suis battu pour l’avoir”.
Un état d’esprit, une envie de performance qu’il inculque à ses 320 salariés. “Dans l’entreprise, il ne peut pas y avoir un seul battant pour réussir”. Floriot est devenu le groupe TGL, les initiales de son propriétaire dirigeant. Le trépidant entrepreneur s’est fixé un nouvel objectif de développement : atteindre un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros en 2020. “Ce n’est pas de la mégalomanie, se défend-il, mais la condition pour pérenniser l’entreprise et conserver son indépendance vis-à-vis des majors de la profession”.
“Passionné” par sa vie de chef d’entreprise, ce gagneur, marié, remarié, père de cinq enfants, confie pourtant avoir parfois la boule qui le saisit au ventre lorsqu’il rejoint son bureau de Pdg. Fonceur, oui. Mais le patron est un homme comme les autres.
Philippe Cornaton
Photo : ©P. Cornaton.
Bref Rhône-Alpes n° 2199 du 15/04/2015
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