Une nouvelle gare sous celle de la Part-Dieu ? Tout le monde n’est pas d’accord.
D.D.
Cette fois, le débat est clos. Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), a assisté à la dernière des quinze réunions qui mettait un terme à trois mois d’échanges sur les perspectives du nœud ferroviaire lyonnais à horizon 2040.
Ce sujet ancien est devenu tout à la fois urgent, complexe, parfois polémique mais essentiel pour le positionnement futur de Lyon sur l’échiquier ferroviaire européen. Rappelons que 1.200 trains traversent quotidiennement Lyon et qu’avec 120.000 personnes chaque jour, la Part-Dieu est la première gare de correspondance de France. D’ailleurs, le constat est unanime : dessertes insuffisantes, réseau saturé, retards fréquents, horaires inadaptés, intermodalité faible… En clair, il faut plus de gares, de parkings à leurs abords, de dessertes. Et c’est urgent ! Sans même parler de la croissance démographique annoncée : 1 million d’habitants supplémentaires est prévu en région lyonnaise d’ici 2040.
Enjeux sur Part-Dieu et Saint Exupéry
Pas moins de 25 structures politiques et associatives ont déposé leurs analyses et leurs propositions. Les débats les plus acharnés se concentrent sur quelques sujets phares. En premier lieu, le projet entre Saint-Clair et Guillotière, soit 10 km de voies nouvelles passant par la Part-Dieu, avec deux options : la première, en surface, est évaluée à 2,8 milliards d’euros ; la seconde, en souterrain, à 4,3 milliards. Soutenue par le maire de Lyon, cette dernière a beaucoup d’opposants qui dénoncent, pêle-mêle, une hypercentralisation, un coût pharaonique ou encore une perturbation de la nappe phréatique.
De son côté, la gare de Saint Exupéry est un débat à elle toute seule ! Peut-elle être un nouveau hub répondant aux besoins des populations et des entreprises de l’Est lyonnais tout en désengorgeant la Part-Dieu ? Les avis divergent.
Enjeux sur le fret et le RER
Les discussions sont tout aussi houleuses en ce qui concerne le contournement ferroviaire fret de Lyon, qui permettrait le détournement sur Saint Exupéry du trafic de marchandises passant actuellement par la Part-Dieu. Pourtant déclaré d’utilité publique sur sa partie nord, il met toujours en colère les élus de la Plaine de l’Ain et de l’Est lyonnais, tandis que son tracé sud fait encore l’objet de deux hypothèses : Saint Exupéry/Givors ou mise à 4 voies entre Saint-Fons et Grenay.
A tous ces sujets, on peut aussi ajouter l’idée d’un RER lyonnais qui fait déjà figure d’arlésienne, ou encore la revendication stéphanoise d’une liaison ferroviaire directe avec Saint Exupéry. Sans oublier les effets du Lyon-Turin. Qui va (enfin) décider ? La CNDP rendra son rapport en septembre et la SNCF (maître d’ouvrage) présentera ses choix en décembre. Quels moyens met-on vraiment sur quel projet ? Si certains pensent que, de toute façon, « la SNCF fait toujours ce qu’elle veut », les instances politiques (Etat, Région, collectivités) ont leur rôle à jouer, en matière de choix ou de cofinancement. Alors, « maintenant que tout le monde s’est exprimé, que les politiques décident ! Les paroles, ça suffit, il faut des actes ». La conclusion était, elle aussi, unanime.
Cet article a été publié dans le numéro 2379 de Bref Eco.