La deuxième réunion du Conseil Montagne 2040 Rhône-Alpes s’est tenue dans la station des Arcs. A l’ordre du jour : l’immobilier la question lancinante des lits froids.
A l’ordre du jour : l’immobilier de tourisme et la question lancinante des lits froids. Claude Comet, vice-présidente de la Région à l’origine de Montagne 2040, rappelle : “Pendant des décennies, on s’est contenté de construire des logements neufs, encore et toujours. Et on a dit aux Français : achetez à la montagne, vous serez défiscalisés !”
Résultat : 1,415 million de résidences secondaires, soit plus de 80 % des lits touristiques sur les Alpes du Nord, le parc dit “marchand” (hôtels, résidences, villages de vacances…) restant très minoritaire. Ce modèle de propriétaires a débouché sur des centaines de milliers de logements vides pendant une très grande partie de l’année (les fameux lits froids, on parle aussi de volets clos), vieillissants et de moins en moins adaptés à la location ou à la revente.
L’évolution dessert l’image des stations et pourrait finir par les mettre en danger. Inquiétant, au regard du poids économique qu’a pris le tourisme de montagne en Rhône-Alpes…
Comment pousser les propriétaires (et les copropriétés) à rénover leurs biens et à les louer ? Les quelques avantages fiscaux proposés jusqu’à présent (ORIL…) n’ont rien donné. Mais d’autres initiatives, locales quant à elles, ouvrent quelques pistes d’action.
C’est le cas de Rénovation Montagne, une foncière créée en 2013 à l’initiative de la Compagnie des Alpes* : dotée de 100 millions d’euros, elle rachète des appartements à leurs propriétaires, les rénove et les remet sur le marché locatif. Active sur cinq stations, elle vise les 500 logements ainsi rénovés d’ici 2017.
A Villard-de-Lans, on n’en est pas là. Après l’échec total des ORIL, l’heure est à la discussion avec les deux grosses copropriétés (900 appartements chacune) de la station, auxquelles plusieurs scénarii de rénovation vont bientôt être présentés. Christian Douchement, directeur du domaine skiable, reconnaît : “Il faut du temps et de la pédagogie pour faire comprendre aux propriétaires notre intérêt commun à réhabiliter le parc immobilier”, par exemple en isolant mieux les façades.
A Val d’Isère, on reconstruit la station sur la station. La municipalité a racheté, au centre du village, 9 000 m2 de locaux qu’elle démolira pour reconstruire 22 000 m2 en lieu et place. A la dizaine de familles concernée, elle a proposé de restituer l’équivalent de 70 % du bien immobilier ainsi remis à neuf.
Dans la vallée des Belleville (Les Ménuires, Val Thorens...), 360 logements ont été rénovés en dix ans, sous l’égide de la Sem Renov et d’une Maison des propriétaires.
Plus originale : l’initiative récente de Résidences Solidaires. Cette association, installée aux Contamines, propose de mettre en relation des familles à revenus modestes et des propriétaires prêts à leur proposer un loyer peu élevé si elles l’occupent en période creuse. Une manière d’attirer une clientèle nouvelle à la montagne et, pour certains propriétaires, d’éponger quelques charges. Un nouveau tourisme social ? L’innovation est à suivre.
Didier Durand
@didierldurand
* Avec la Caisse des Dépôts, la Banque Populaire des Alpes, la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes, le Crédit Agricole des Savoie.
Photo : Claude Comet et Jean-Jack Queyranne. Selon le président de la Région : “Nous sommes dans une période charnière qui devrait déboucher sur davantage de travaux de rénovation immobilière que de constructions neuves”.
Bref Rhône-Alpes n° 2185 du 17/12/2014
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